Être cheval (Jérôme Clément-Wilz, 2016) – HENRI – La Cinémathèque française

Le pony-play est un rituel de domination entre un dresseur et un dressé, une métamorphose orchestrée pour qu’un humain finisse par se comporter comme un cheval.

Outre le vocabulaire d’assujettissement, il est question de tout un attirail avec combinaison de cuir et queue intégrée, harnais, mors, brides, fouet, carriole et bien évidemment sabots.

Mais Être cheval, jamais salace, laisse vite de côté les clichés BDSM et ne cherche pas à témoigner ou expliquer un imaginaire.

Le pony-play reste comme une butée indéchiffrable, inatteignable pour les non-initiés.

Nous sommes témoins d’une réciprocité dont nous sommes exclus, mais par contre, nous prenons en pleine face une certaine définition de la liberté.

Le sujet d’Être cheval demeure la quête initiatique de Karen Chessman, 51 ans, ancien professeur et père d’un enfant, et les premiers plans du documentaire, somptueuses images de nature façon Genèse, en témoignent.

Lors d’une émission de télévision sur l’animalité, Antoine de Caunes demande à Karen Chessman de se définir. Karen répond du tac au tac, à sa manière : « Je suis d’abord un homme, biologiquement. Ensuite, je passe par le stade féminin et ensuite je passe par le stade féminin-cheval, donc jument. En fait, je suis les trois. » Karen est également dessinatrice, performeuse et poète.

Source : Être cheval (Jérôme Clément-Wilz, 2016) – HENRI – La Cinémathèque française

Être cheval

Jérôme Clément-Wilz
France / 2016 / 1:02:58 / VO avec sous-titres français en option
Avec Karen Chessman.

Karen est adepte du pony-play, une pratique qui consiste à se transformer en cheval et à être dressé comme tel. À travers ce jeu de soumission et de domination, Karen questionne et abandonne progressivement son identité humaine pour vivre une quête mystique.

Production : Kidam, Vice Media France.

Remerciements à Jérôme Clément-Wilz et François-Pierre Clavel.


« J’ai toujours voulu filmer des personnes qui ne veulent pas vivre assises. Qui ont des quêtes parfois trop grandes pour elles, toujours de l’ordre de l’utopie. J’aime ceux qui prennent le risque de se dépasser, dépasser les limites de leur âme, de leur corps. Comme dans Être cheval, où Karen se dit que sa condition n’est pas figée. Je trouve ces actes de bravoure assez forts. Je veux voir comment la vie peut devenir un terrain de jeu. Bien sûr, j’observe aussi la confrontation à la réalité et ce que j’appelle « l’ivresse des altitudes », quand on est dépassé parce qu’on a accompli. Les personnages que je suis veulent grimper l’Everest, à un moment l’oxygène se raréfie, ils sont fragiles mais se révèlent. » (Jérôme Clément-Wilz)

« Qui veut voyager loin ménage sa monture. » (Racine, Les Plaideurs)

Le pony-play est un rituel de domination entre un dresseur et un dressé, une métamorphose orchestrée pour qu’un humain finisse par se comporter comme un cheval. Outre le vocabulaire d’assujettissement, il est question de tout un attirail avec combinaison de cuir et queue intégrée, harnais, mors, brides, fouet, carriole et bien évidemment sabots. Mais Être cheval, jamais salace, laisse vite de côté les clichés BDSM et ne cherche pas à témoigner ou expliquer un imaginaire. Le pony-play reste comme une butée indéchiffrable, inatteignable pour les non-initiés. Nous sommes témoins d’une réciprocité dont nous sommes exclus, mais par contre, nous prenons en pleine face une certaine définition de la liberté. Le sujet d’Être cheval demeure la quête initiatique de Karen Chessman, 51 ans, ancien professeur et père d’un enfant, et les premiers plans du documentaire, somptueuses images de nature façon Genèse, en témoignent. Lors d’une émission de télévision sur l’animalité, Antoine de Caunes demande à Karen Chessman de se définir. Karen répond du tac au tac, à sa manière : « Je suis d’abord un homme, biologiquement. Ensuite, je passe par le stade féminin et ensuite je passe par le stade féminin-cheval, donc jument. En fait, je suis les trois. » Karen est également dessinatrice, performeuse et poète. Elle s’est initiée au pony-play de 2007 à 2015 auprès de Foxy Davis (le film évoque donc la fin d’un accomplissement, alors que depuis elle a gagné un prix de vice-championne aux USA) et des membres de la tribu des Nez-Percés en Floride, épisode-révélation de son « esprit cheval ». Mais Karen est aussi punk et ne manque pas d’humour. Les séquences alternent entre confidences parfois cruelles et mélancoliques, moments de vie inattendus (avec la présence bienveillante et élégante du réalisateur Jérôme Clément-Wilz, jamais loin, que ce soit dans un reflet de vitre ou lors d’un échange direct) et apprentissage rigoureux avec l’impénétrable Foxy, le tout formant un ensemble performatif unique et poétique.

Être cheval cite à sa façon Robert Bresson et son Balthazar (l’âne fait partie de la famille des équidés, après tout). Nous autres humains, nous sommes trop conscients, de nos actes, de nos pensées, de notre existence. Et à la fois, nous sommes totalement inconscients de notre « corps profond » (Edgar Morin). Alors que les animaux, c’est le contraire : ils savent encore écouter leur organisme interne et trouver spontanément des réponses. Les humains sont devenus aveugles et sourds aux messages intérieurs. Et c’est pour cette raison que Bresson aime tant filmer les bêtes, ou qu’une quête de soi comme Être cheval – la compréhension de notre corps profond, de son éventuelle transition – peut passer par l’animalité, soit l’adoption d’une autre sensibilité, « l’apprentissage de la faiblesse ». Karen pose ainsi, à sa manière, les questions de la variabilité du désir, de l’identité et de la nature même d’être humain, fardeau pas évident à porter.

Être cheval pourrait être une histoire de la bipédie. Si on reprend le concept de l’archéologue André Leroi-Gourhan, que c’est la bipédie de l’homme qui a développé sa raison, voire sa faculté de langage, on pourrait aussi dire que la position verticale a engendré la capacité de l’humain à produire de l’irrationnel, de la déraison, de l’imaginaire. Le redressement sur deux membres provoquerait un déséquilibre que « l’homme compense en se rattrapant indéfiniment », en marchant, en faisant des pas, mouvement transitoire et instable (autre lien possible avec la question de genre et de sexe). En raccourci, l’homme ne rêve que parce qu’il marche, et il ne marche que parce qu’il parle. Karen, par le rituel particulier du pony-play, accède à une révélation. Karen marche, rêve et parle. Karen est libre. Et c’est pour cette raison qu’Être cheval est un grand film politique.

Et comme Clarice Lispector écrit dans Près du cœur sauvage : « Je vivrai plus grande que dans l’enfance, je serai brutale et mal faite comme une pierre, je serai légère et vague comme ce que l’on sent et ne comprend pas, je me dépasserai en ondes, ah, Dieu, et que tout vienne et tombe sur moi, jusqu’à l’incompréhension de moi-même en certains moments blancs parce qu’il suffit de m’accomplir et alors rien n’empêchera mon chemin jusqu’à la mort-sans-peur, de toute lutte ou repos je me lèverai forte et belle comme un jeune cheval. »

Émilie Cauquy


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Document inédit ce jeudi soir : Paris, le mystère du Palais disparu. – LeBlogTVNews

Paris, le mystère du Palais disparu, documentaire inédit ce jeudi 7 septembre à 21h05 sur France 5.

Au cœur de Paris, un Palais entier a disparu. C’était la toute première demeure des Rois de France.

Le tout premier château de nos souverains. Bien avant Versailles… Bien avant le Louvre…

Il y a eu le Palais de la Cité. Il se dressait sur l’île la plus prestigieuse de Paris, le berceau historique de la France, face à Notre Dame.

Le Palais de la Cité, si majestueux au Moyen-Âge, est devenu un fantôme de l’histoire.

Avec les siècles, ce chef d’œuvre d’architecture a presque totalement disparu. Englouti, dans Paris, et effacé de nos mémoires. Comme si le Palais de la Cité avait succombé à une malédiction…

Pourquoi ? Et à quoi ressemblait-il ? Pour la première fois, un trio d’experts va le ressusciter, en 3D. Grâce à la science et à des fouilles inédites, ils vont traquer les pièces du puzzle pour reconstituer le Palais de la Cité à son apogée, au 14e siècle.

Et redonner vie aux fantômes qui l’ont hanté : des romains aux vikings, de Saint-Louis aux rois maudits… Tous nous ont laissé des indices de ce Versailles du Moyen-Âge. Un film de Stéphane Jacques.

Source : Document inédit ce jeudi soir : Paris, le mystère du Palais disparu. – LeBlogTVNews

La CGT a un projet pour sauver Valdunes | L’Humanité

« Aujourd’hui, la SNCF nous commande 7 500 roues par an, contre 55 000 à une époque », précise Philippe Lihouck, délégué CGT de la forge de Valdunes.

« Aujourd’hui, la SNCF nous commande 7 500 roues par an, contre 55 000 à une époque », précise Philippe Lihouck, délégué CGT de la forge de Valdunes.
Mathieu Dréan

 

Trith-Saint-Léger (Nord), correspondance particulière.

«C’est du 100 % chinois. On ne fait aucun usinage, que de l’assemblage. » À côté de sa ligne de production, Pascal Hocq désigne, désabusé, les caisses de bois d’où sont sortis deux axes et quatre roues. Déballage, nettoyage, graissage, assemblage : le tour est joué. Recruté au départ comme apprenti, l’ouvrier travaille sur le site d’usinage de Valdunes de Trith-Saint-Léger, près de Valenciennes, depuis vingt-sept ans. Ici, on sait pourtant réaliser un essieu ferroviaire de A à Z, à partir des pièces d’acier envoyées par la forge de l’entreprise située à Leffrinckoucke, près de Dunkerque. Mais depuis le rachat, en 2014, par le géant chinois MA Steel, beaucoup de choses ont changé. « Ils nous ont beaucoup observés et filmés », se souvient-il. Au point d’acquérir le savoir-faire de la dernière entreprise française d’essieux ferroviaires. « Au départ, ils ne savaient même pas “boîter” les roulements, caler les roues, ni mettre en peinture », assure-t-il.

Source : La CGT a un projet pour sauver Valdunes | L’Humanité

 

La CGT a un projet pour sauver Valdunes

Industrie La secrétaire générale de la confédération syndicale, Sophie Binet, s’est rendue vendredi auprès des 340 salariés plongés dans l’angoisse depuis que leur actionnaire chinois les a lâchés. Elle a évoqué plusieurs pistes, dont une reprise de l’entreprise de fabrication d’essieux par un consortium Alstom-SNCF.

Publié le

Lundi 4 septembre 2023

« Aujourd’hui, la SNCF nous commande 7 500 roues par an, contre 55 000 à une époque », précise Philippe Lihouck, délégué CGT de la forge de Valdunes.

« Aujourd’hui, la SNCF nous commande 7 500 roues par an, contre 55 000 à une époque », précise Philippe Lihouck, délégué CGT de la forge de Valdunes.
Mathieu Dréan

Trith-Saint-Léger (Nord), correspondance particulière.

«C’est du 100 % chinois. On ne fait aucun usinage, que de l’assemblage. » À côté de sa ligne de production, Pascal Hocq désigne, désabusé, les caisses de bois d’où sont sortis deux axes et quatre roues. Déballage, nettoyage, graissage, assemblage : le tour est joué. Recruté au départ comme apprenti, l’ouvrier travaille sur le site d’usinage de Valdunes de Trith-Saint-Léger, près de Valenciennes, depuis vingt-sept ans. Ici, on sait pourtant réaliser un essieu ferroviaire de A à Z, à partir des pièces d’acier envoyées par la forge de l’entreprise située à Leffrinckoucke, près de Dunkerque. Mais depuis le rachat, en 2014, par le géant chinois MA Steel, beaucoup de choses ont changé. « Ils nous ont beaucoup observés et filmés », se souvient-il. Au point d’acquérir le savoir-faire de la dernière entreprise française d’essieux ferroviaires. « Au départ, ils ne savaient même pas “boîter” les roulements, caler les roues, ni mettre en peinture », assure-t-il.

En mai dernier, MA Steel a annoncé qu’il ne mettrait plus un centime dans sa filiale, plongeant dans l’inconnu les 340 salariés des deux sites qui se sont mis en grève plusieurs semaines, à l’appel de la CGT. Bercy s’est penché sur le dossier et le tribunal de commerce a enclenché une procédure de conciliation destinée à trouver un repreneur. « Valdunes est la priorité de la rentrée de la CGT, le symbole de l’impasse de la financiarisation de l’industrie », commente Sophie Binet venue à Trith-Saint-Léger, vendredi, pour soutenir les salariés à nouveau appelés à cesser le travail pour protester contre le manque d’informations et de perspectives. Les repreneurs potentiels ont jusqu’au 8 septembre pour se signaler. « Nous voulons la transparence sur ces dossiers et ne pas tout apprendre au dernier moment », insiste la secrétaire générale de la CGT.

La journée de vendredi commence par une visite du site en présence de son directeur, François Demilly. Ce dernier évoque une liste de « 10-15 candidats » à la reprise mais reconnaît son caractère hétéroclite : « Certains sont des clients, d’autres pas du métier… » Délégué CGT du site de Trith, Maxime Savaux pense surtout à deux concurrents, le tchèque Bonatrans et l’italien Lucchini, venus visiter les lieux. « Ils viendront chercher nos carnets de commandes et ils partiront », prédit-il. Il craint également que, contrairement à toute logique industrielle, les sites de Valenciennes et de Dunkerque ne soient découpés. François Demilly essaie de rassurer : au moins, les concurrents « sont des acteurs du métier ».

Autre difficulté : l’actionnaire chinois, une fois dépassée la ligne de crédit accordée à Valdunes, a limité la fourniture de pièces. « Nous avons dû baisser la voilure et perdu des marchés, surtout dans le fret », reconnaît le directeur, qui a sollicité la SNCF et la RATP pour avancer des commandes programmées pour l’année prochaine. Avec les pouvoirs publics, il négocie des « reports de charges » et un million d’euros de crédit impôt recherche doit être débloqué prochainement.

La « nationalisation » est évoquée

Cela ne saurait constituer une « vraie politique industrielle », insiste Sophie Binet sur le parking de l’entreprise, à l’heure des prises de parole. La CGT a travaillé sur un « projet pour l’avenir de Valdunes » supposant un renflouement de la trésorerie, qui pourrait afficher un trou de 200 000 euros en octobre. Plusieurs pistes sont listées : prêt garanti par l’État, prise de participation au capital, « fléchage vers Valdunes de fonds liés aux plans France 2030 ou ferroviaire 2024 (doté de 100 milliards d’euros – NDLR) ». La « nationalisation », même partielle, même temporaire, est évoquée. À terme, un « consortium Alstom-SNCF » pourrait reprendre l’entreprise. Alstom, dont l’État est actionnaire, ferait de Valdunes sa filiale et la SNCF redeviendrait un gros client. « Aujourd’hui, la SNCF nous commande 7 500 roues par an, contre 55 000 à une époque », précise Philippe Lihouck, délégué CGT de la forge de Valdunes.

Pour souligner que le dossier est autant politique qu’économique, la journée s’est terminée par un meeting dans la salle des fêtes de Trith. « Votre activité est profondément écologique : le train pollue entre 30 et 70 fois moins que la voiture ! » lance Marine Tondelier, secrétaire nationale d’EELV« On veut produire ici ce que nous utilisons ici. (…) Battons-nous jusqu’au bout pour que l’État s’engage », embraye Fabien Roussel, secrétaire national du PCF et député du Nord. « Des solutions existent, il faut une volonté politique », conclut Marina Mesure, députée européenne FI.

 

 

 

 

 

 

 

Pacte enseignant : le diable se cache dans les détails | L’Humanité

Ce dispositif laisse croire que la solution repose sur le seul volontarisme des enseignants. Julien Pebrel/Myop

3. Lycée professionnel : faire passer la réforme en contrebande

En lycée professionnel, le pacte revêt une dimension toute particulière. Quantitativement pour commencer : avec 15 « briques » différentes, les professeurs de lycée professionnel (PLP) ont droit au plus large éventail de possibilités. Comme en lycée général, la priorité est donnée aux remplacements de courte durée. Mais avec le pacte, le diable est dans les détails : parmi les autres « briques », apparaissent des propositions qui consistent à rien de moins que la mise en pratique de la réforme du lycée professionnel (LP), présentée l’an dernier par le gouvernement et rejetée par les personnels avec une force qui a débouché sur des journées de grève massivement suivies. Exemples : assurer des cours en effectif réduit pour des élèves en difficulté… à la place – et non en plus – des heures de cours normales ; transformer les PLP en promoteurs de l’apprentissage en assurant des heures de « découverte des métiers » en collège ; assurer le suivi d’élèves en grande difficulté (« décrocheurs »)… à la place des dispositifs actuels, insuffisants et sous-financés ; proposer des suivis postbac et en insertion professionnelle ; développer des « certificats de spécialisation » à bac + 1 en remplacement des mentions complémentaires actuelles, mais sans les financements dont celles-ci disposent aujourd’hui.

Pacte enseignant : le diable se cache dans les détails

Les promesses du gouvernement sur les remplacements ou sur « un professeur devant chaque classe » passent par le pacte. Rejeté par une majorité de personnels, ce dispositif cache une attaque en règle du service public d’éducation.

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Lundi 4 septembre 2023

Ce dispositif laisse croire que la solution repose sur le seul volontarisme des enseignants. Julien Pebrel/Myop

Ce dispositif laisse croire que la solution repose sur le seul volontarisme des enseignants. Julien Pebrel/Myop
© Julien Pebrel/ MYOP

Le pacte, c’est le cœur de la « révolution » voulue par Emmanuel Macron en matière scolaire. Ce dispositif, complexe pour des yeux peu habitués aux arcanes de l’éducation nationale, doit permettre à la fois de tenir les promesses faites aux enseignants français – parmi les plus mal payés d’Europe – pour améliorer leur rémunération et les performances de l’éducation nationale en matière de réussite scolaire, de lutte contre les inégalités et même d’insertion dans l’emploi. L’enjeu n’est donc pas mince. Pap Ndiaye, le prédécesseur de Gabriel Attal Rue de Grenelle, l’avait claironné au printemps : pour que cela fonctionne, il faudrait que 30 % des enseignants s’engagent dans la démarche. Aujourd’hui, le ministère se fait beaucoup plus discret sur le sujet. Et pour cause : à en croire les remontées de terrain parvenues aux principaux syndicats, c’est au pire un rejet clair et net, au mieux de gros doutes qui habitent les professeurs. Décryptage des principaux points de friction.

1. Le retour du fameux « travailler plus pour gagner plus »

Le principe général du pacte, vu du côté des personnels, est assez simple : il s’agit, pour celles et ceux qui s’y engageront, d’accepter des tâches supplémentaires en échange d’une rémunération spécifique. Chaque type de tâche, qu’on a déjà pris l’habitude d’appeler « briques », implique d’effectuer 18 ou 24 heures annuelles en plus. Chaque « brique », quel que soit son volume horaire, est rémunérée 1 250 euros brut par an, répartis sur neuf mois (d’octobre à juin). Chaque enseignant peut choisir de s’engager pour une seule « brique » ou pour plus – le maximum étant en lycée professionnel, où l’on peut cumuler jusqu’à six « briques », soit 7 500 euros brut annuels. On peut aussi prendre des « bouts de brique » dans certains cas, mais pas pour les missions jugées prioritaires comme les remplacements de courte durée dans le secondaire ou le soutien en mathématiques et en français au collège pour les professeurs des écoles. Il ne s’agit donc en aucun cas d’une augmentation qui permettrait aux professeurs d’être payés plus pour le même travail, mais d’une nouvelle forme du « travailler plus pour gagner plus », visant à imposer des tâches supplémentaires à des professionnels qui travaillent déjà, selon les chiffres du ministère, entre 42 heures (secondaire) et 43 heures (primaire) hebdomadaires. On est donc loin de la revalorisation générale et inconditionnelle promise depuis plusieurs années. Sans compter l’aspect sexiste de la chose dans une profession très féminisée où les femmes auront encore moins de possibilités d’effectuer un surplus de travail – constat déjà vérifié pour ce qui est des heures supplémentaires, pour ne prendre que cet exemple.

2. Primaire et secondaire : boucher les trous

Impossible de dresser ici le catalogue des différentes « briques » proposées. Pour les professeurs des écoles, la mission prioritaire est d’aller effectuer du soutien en mathématiques et en français pour les élèves de 6e au collège. Dans le secondaire, la priorité est donnée aux remplacements de courte durée, conformément aux proclamations médiatiques du ministre. À rémunération égale, ces « briques » prioritaires portent sur 18 heures annuelles au lieu de 24. Des zones floues demeurent, par exemple pour savoir si, au cas où ces missions prioritaires ne seraient pas remplies, les enseignants ayant signé pour d’autres « briques » pourraient se voir contraints de les assurer. Ou si, dans le cas où un enseignant n’aurait pas eu l’opportunité d’effectuer ses 18 heures de remplacement, il doit rembourser leur rémunération… Mais les plus fortes critiques à l’encontre de ce dispositif sont d’ordre pédagogique. Remplacer un professeur de maths par un professeur d’anglais, qui fera une heure d’anglais, cela ne compensera pas l’heure de maths perdue. Aller faire du soutien en 6e ne compensera pas les inégalités sociales et scolaires qui, faute de moyens, posent problème en amont du collège. Bref, les syndicats martèlent que le pacte ne compensera pas les milliers de postes qui font défaut, que ce soit pour les remplacements, pour assurer les dispositifs de soutien, pour les heures de « découverte des métiers » au collège, pour aider à l’orientation, à conduire des projets… La conclusion est évidente : le pacte n’a pas pour but de remédier aux conséquences dévastatrices de décennies de manque d’investissement dans l’éducation nationale mais de laisser croire que la solution repose sur le seul volontarisme des enseignants.

3. Lycée professionnel : faire passer la réforme en contrebande

En lycée professionnel, le pacte revêt une dimension toute particulière. Quantitativement pour commencer : avec 15 « briques » différentes, les professeurs de lycée professionnel (PLP) ont droit au plus large éventail de possibilités. Comme en lycée général, la priorité est donnée aux remplacements de courte durée. Mais avec le pacte, le diable est dans les détails : parmi les autres « briques », apparaissent des propositions qui consistent à rien de moins que la mise en pratique de la réforme du lycée professionnel (LP), présentée l’an dernier par le gouvernement et rejetée par les personnels avec une force qui a débouché sur des journées de grève massivement suivies. Exemples : assurer des cours en effectif réduit pour des élèves en difficulté… à la place – et non en plus – des heures de cours normales ; transformer les PLP en promoteurs de l’apprentissage en assurant des heures de « découverte des métiers » en collège ; assurer le suivi d’élèves en grande difficulté (« décrocheurs »)… à la place des dispositifs actuels, insuffisants et sous-financés ; proposer des suivis postbac et en insertion professionnelle ; développer des « certificats de spécialisation » à bac + 1 en remplacement des mentions complémentaires actuelles, mais sans les financements dont celles-ci disposent aujourd’hui.

4. Un contrat mis sur l’école et sa mission de service public

Vu ainsi, le pacte peut faire penser à un vaste bricolage, un de plus, qui ne résoudra en rien les problèmes connus de l’éducation nationale. Ce serait gravement sous-estimer la profonde transformation qu’il opère, à petite dose pour commencer, et la menace qu’il fait ainsi peser sur tout notre système scolaire. Car, à la mission de service public, portée par des personnels formés, exercée dans un cadre d’emploi sécurisé assurant la liberté pédagogique de celles et ceux qui l’assurent, le pacte et ses « briques » ne substituent rien de moins qu’un paiement à la tâche (ou à la mission), annualisé, où la commande l’emporte sur toute autre considération, où l’enseignant n’est plus le concepteur de ses cours mais une sorte particulière de personnel contractuel. Des emplois bien réels – de coordination et de suivi de projet, d’orientation, soutien ou remédiation, théoriquement assurés aujourd’hui par des conseillers d’orientation, des conseillers principaux d’éducation, des enseignants spécialisés, des directeurs de formation professionnelle en LP… – risquent se trouver rapidement menacés. Au passage, en choisissant parmi les demandeurs qui aura sa ou ses « briques »… et la rémunération qui va avec, les supérieurs ­hiérarchiques (personnel de direction en lycée et collège, inspecteurs en primaire) acquerront un pouvoir direct sur le salaire des professeurs.

Pacte enseignant : pourquoi les profs ne veulent pas signer | L’Humanité

Une « trahison », un « esclavage » :

Patrick, professeur d’histoire-géographie en Normandie, n’a pas de mots assez durs pour ­dénoncer le pacte dont il a regardé­ dans le détail le fonctionnement.

Et il a fait ses calculs : aujourd’hui, pour 18 heures de présence devant élèves, il estime son temps de travail hebdomadaire à 43 heures – ce qui correspond d’ailleurs au temps de travail réel médian des enseignants dans le secondaire, selon les chiffres du ministère de l’Éducation nationale.

S’il prenait trois « briques » de pacte, soit 6 heures en plus devant élèves, cela porterait donc son temps de travail effectif à « 57 heures par semaine. Alors que le temps de travail légal maximal dans l’Union européenne est de 48 heures hebdomadaires. Et on veut nous imposer ainsi un tiers de temps de travail supplémentaire… sans nous payer un tiers en plus » !

Source : Pacte enseignant : pourquoi les profs ne veulent pas signer | L’Humanité

 

 

 

 

Pacte enseignant : pourquoi les profs ne veulent pas signer

Il faudra attendre après la rentrée pour savoir combien d’enseignants signeront un pacte. En attendant, rares sont ceux qui se déclarent prêts à le faire. Et quand c’est le cas, c’est contraints et forcés par leurs conditions salariales. Témoignages.

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Lundi 4 septembre 2023

En primaire, l’une des missions prioritaires est d’effectuer du soutien en mathématiques et en français pour les élèves de 6e.

En primaire, l’une des missions prioritaires est d’effectuer du soutien en mathématiques et en français pour les élèves de 6e.
Thibaut Durand

Une « trahison », un « esclavage » : Patrick, professeur d’histoire-géographie en Normandie, n’a pas de mots assez durs pour ­dénoncer le pacte dont il a regardé­ dans le détail le fonctionnement. Et il a fait ses calculs : aujourd’hui, pour 18 heures de présence devant élèves, il estime son temps de travail hebdomadaire à 43 heures – ce qui correspond d’ailleurs au temps de travail réel médian des enseignants dans le secondaire, selon les chiffres du ministère de l’Éducation nationale. S’il prenait trois « briques » de pacte, soit 6 heures en plus devant élèves, cela porterait donc son temps de travail effectif à « 57 heures par semaine. Alors que le temps de travail légal maximal dans l’Union européenne est de 48 heures hebdomadaires. Et on veut nous imposer ainsi un tiers de temps de travail supplémentaire… sans nous payer un tiers en plus » !

Pourtant, malgré son opposition résolue et sa ferme intention de continuer à dénoncer le pacte « de l’intérieur », Patrick a dû se résoudre à le signer. Pourquoi ? Sa réponse confirme la méthode utilisée par le gouvernement pour faire avaler de force aux enseignants la potion du pacte : « Les sous. » Deux enfants, l’un déjà dans le supérieur, l’autre qui s’apprête à y faire sa rentrée, cela coûte cher. Patrick confie qu’il a déjà dû contracter un emprunt bancaire pour les études du premier, mais que la banque se fait tirer l’oreille pour le second : « Je sais que beaucoup de collègues vont refuser sur le principe. Moi, je signe parce que je ne peux pas faire autrement. On nous force à accepter­ quelque chose qui casse notre statut. »

« Je n’ai plus le temps d’effectuer correctement mes préparations »

« On espérait autre chose en matière de revalorisation », déplore Cédric, professeur des écoles dans les Yvelines. Il connaît quelques collègues « qui vont marcher, parce qu’ils ont besoin d’argent ». Mais lui, non. Même s’il n’hésite pas à parler des « fins de mois difficiles » qui l’obligent à cumuler son emploi à temps plein et trois soirs d’études surveillées par semaine. Il met en cause « la dégradation de la qualité de l’enseignement », que risque d’entraîner le pacte. « Déjà, aujourd’hui, estime-t-il, ce rythme fait que je n’ai plus le temps d’effectuer correctement mes préparations et mes corrections. » Comment ajouter des heures « pacte », avec le temps de préparation et/ou de réunion qu’elles impliqueraient ?

Même son de cloche chez Isabelle, professeure des écoles dans l’Essonne, depuis trente ans en zone d’éducation prioritaire : « Je travaille déjà assez comme ça. Et puis, ce n’est pas ça qui nous manque, ce n’est pas ça dont nos élèves ont besoin. On a besoin de plus de postes, de psychologues, d’infirmières, d’orthophonistes… » Dans son établissement, elle assure que « personne ne veut du pacte »« C’est comme à l’hôpital, reprend Cédric, on est épuisés, et on nous propose de travailler plus alors que ce dont on a besoin, ce sont de moyens humains. 

Internet Libre – Pour le libre échange d’informations

Le gouvernement s’apprête à adopter une loi qui constitue une menace sérieuse pour chaque internaute.

 

La particularité de cette loi, intitulée « Sécuriser et Réguler l’Espace Numérique » (SREN), réside dans son pouvoir inédit : elle autorise les législateurs à établir une liste de sites web à bloquer obligatoirement au niveau des navigateurs internet.

À l’origine conçue pour protéger les enfants contre le harcèlement sexuel en ligne et pour bloquer les sites pornographiques, la loi SREN a évolué pour accorder aux législateurs un pouvoir considérable sur le contenu accessible aux internautes, malgré ses prétentions initiales à la transparence et à la responsabilité.Plus question de sites non autorisés par le gouvernement Français.

L’objectif inquiétant de cette loi est de transformer tout navigateur en outil de censure. Tous les sites non approuvés seront censurés. Par extension, cette mesure remet en question fondamentalement la liberté d’expression et le droit à l’information.Seules certaines sources seront autorisées. Même les plus grandes dictatures au monde n’ont jamais osé opter pour pareille alternative, préférant bloquer les noms de domaines directement chez le fournisseur d’accès.

L’Arcom se positionne comme unique entité décisionnelle dans la sélection des sites web à bloquer (sans autorité judiciaire). Elle obtient ainsi, de facto, les pleins pouvoirs concernant l’intégralité de ce qui est visible ou non par les internautes.

 

Après avoir proposé son projet de loi au Parlement peu avant les vacances d’été, le gouvernement cherche maintenant à faire passer son texte coûte que coûte. La discrétion est de mise, et l’ombre d’un énième 49.3 plane déjà.

Source : Internet Libre – Pour le libre échange d’informations

 

L’heure est grave : le projet de loi SREN (vote imminent)

Le gouvernement s’apprête à adopter une loi qui constitue une menace sérieuse pour chaque internaute. La particularité de cette loi, intitulée « Sécuriser et Réguler l’Espace Numérique » (SREN), réside dans son pouvoir inédit : elle autorise les législateurs à établir une liste de sites web à bloquer obligatoirement au niveau des navigateurs internet.

À l’origine conçue pour protéger les enfants contre le harcèlement sexuel en ligne et pour bloquer les sites pornographiques, la loi SREN a évolué pour accorder aux législateurs un pouvoir considérable sur le contenu accessible aux internautes, malgré ses prétentions initiales à la transparence et à la responsabilité.

Plus question de sites non autorisés par le gouvernement Français. L’objectif inquiétant de cette loi est de transformer tout navigateur en outil de censure. Tous les sites non approuvés seront censurés. Par extension, cette mesure remet en question fondamentalement la liberté d’expression et le droit à l’information.

Seules certaines sources seront autorisées. Même les plus grandes dictatures au monde n’ont jamais osé opter pour pareille alternative, préférant bloquer les noms de domaines directement chez le fournisseur d’accès.

L’Arcom se positionne comme unique entité décisionnelle dans la sélection des sites web à bloquer (sans autorité judiciaire). Elle obtient ainsi, de facto, les pleins pouvoirs concernant l’intégralité de ce qui est visible ou non par les internautes.

Après avoir proposé son projet de loi au Parlement peu avant les vacances d’été, le gouvernement cherche maintenant à faire passer son texte coûte que coûte. La discrétion est de mise, et l’ombre d’un énième 49.3 plane déjà.

La procédure accélérée a été enclenchée, loin du regard des médias et des citoyens. Le vote aura lieu cet automne. Le texte passera si personne ne s’y oppose.

Face à cette manœuvre dictatoriale, il est important de s’imposer. Il en va de la liberté de chacun et d’un véritable combat pour le droit individuel. Agissez dès aujourd’hui en signant la pétition mise en place par la Fondation Mozilla.

Parce que la connaissance demeure l’arme la plus puissante contre les abus d’un gouvernement aveugle, il devient impératif de maximiser la diffusion de l’information. Nous exhortons chaleureusement tous ceux qui lisent ces mots à prendre part à cette cause en partageant la pétition de Mozilla, en entamant des discussions sur ce projet de loi, et en révélant sans réserve les intentions liberticides sous-jacentes au SREN. Votre implication est essentielle pour préserver notre liberté.

Parlez-en sur Facebook, sur Twitter, sur YouTube, à vos amis, votre famille et partout où vous le pourrez. Il est crucial d’agir maintenant et d’agir ensemble. Le projet loi SREN peut encore être stoppé si on intervient maintenant, le temps presse ! Protégez votre liberté, et faites-vous entendre.

Il est impératif qu’Internet demeure un espace de liberté !

 

Ressources :

 

 

 

 

 

La thèse d’Idriss Aberkane à Polytechnique? Un cas de plagiat «évident», pour le comité d’éthique de l’école – Le Temps

Idriss Aberkane prononce un discours lors d'une manifestation anti-masque sur la place des Nations à Genève durant l'épidémie de Covid-19 en septembre 2020. — © FABRICE COFFRINI / AFP

Idriss Aberkane prononce un discours lors d’une manifestation anti-masque sur la place des Nations à Genève durant l’épidémie de Covid-19 en septembre 2020. — © FABRICE COFFRINI / AFP

 

En quoi consiste exactement ce plagiat?

Le chapitre incriminé est «un copier-coller quasi intégral de la documentation d’un logiciel diffusée gratuitement sur Internet en 2015», indique L’Express.

Source : La thèse d’Idriss Aberkane à Polytechnique? Un cas de plagiat «évident», pour le comité d’éthique de l’école – Le Temps

Arrivée de matériel et préparation militaire : du nouveau au lycée Ampère à Vendôme

Le lycée Ampère, dirigé par Éric Gavinet, dispose notamment en cette rentrée d’une nouvelle ligne de production, pour sa filière bac pro pilote de ligne de production.

Le lycée Ampère, dirigé par Éric Gavinet, dispose notamment en cette rentrée d’une nouvelle ligne de production, pour sa filière bac pro pilote de ligne de production.
© (Photo NR, Alexis Couturier)

L’accueil d’une préparation militaire marine

Autre nouveauté pour le lycée, il accueillera cette année, les jeunes volontaires loir-et-chériens de 16 à 21 ans, qui suivent une préparation militaire marine.

Il s’agit d’une formation de découverte de la marine qui se tiendra pour vingt personnes maximum, un week-end par mois à partir du 30 septembre. « Les jeunes arriveront le samedi à 14 h et repartiront le dimanche à 16 h, et seront encadrés par quatre à cinq personnes. »

Le tout est organisé en partenariat avec l’Armée et le Département, parrain du sous-marin nucléaire français Le Terrible.

« Pour les commémorations de l’Armistice du 11 novembre 1918, nous accueillerons d’ailleurs une partie du personnel de ce sous-marin », précise Éric Gavinet. >

 

Source : Arrivée de matériel et préparation militaire : du nouveau au lycée Ampère à Vendôme

Ce crâne de primate retrouvé en Turquie repose la question de nos lointaines origines

Le crâne d'<em>Anadoluvius</em> retrouvé en Turquie en 2015. © Sevim-Erol et al. 2023, <em>Communications biology</em>

LE CRÂNE D’ANADOLUVIUS RETROUVÉ EN TURQUIE EN 2015. © SEVIM-EROL ET AL. 2023, COMMUNICATIONS BIOLOGY

 

 

Une longue évolution en Europe avant d’essaimer en Afrique

 

Le crâne présente une face quasiment complète, avec le front et une partie de la boîte crânienne. Autant de détails qui ont permis de reconstruire une image d’Anadoluvius.

Il s’agissait vraisemblablement d’un primate plutôt grand et massif, similaire à un chimpanzé mâle de 50 à 60 kilos.

L’étude paléoenvironnementale suggère qu’Anadoluvius vivait dans des forêts sèches et plutôt ouvertes, contrairement aux milieux forestiers dans lesquels vivent les grands singes actuellement.

Il passait certainement beaucoup de son temps sur le sol, comme le suggèrent les puissantes mâchoires et les dents grandes et épaisses qui devaient lui permettre de se nourrir d’aliments durs comme des racines.

Source : Ce crâne de primate retrouvé en Turquie repose la question de nos lointaines origines

 

Si la lignée de l’Homme moderne est apparue en Afrique, la question de l’origine des Homininés (sous-famille de primate à l’origine de la lignée humaine et de celle des chimpanzés) reste l’un des sujets les plus débattus en paléoanthropologie. Car s’il est désormais attesté que l’Homme et les singes ont un ancêtre commun, deux visions s’affrontent concernant le lieu d’origine de cette branche commune. La plupart des scientifiques placent en effet l’origine des Homininés en Afrique, mais une autre hypothèse est apparue plus récemment, suggérant une origine sur le continent européen.

Hominidés, Homininés et Hominines

Avant d’aller plus loin, il est nécessaire de faire un petit rappel sémantique car il est vrai qu’un certain flou règne sur la terminologie souvent employée. L’Homme moderne (nous et nos ancêtres du genre Homo) mais également nos cousins les Australopithèques, font partie des Hominines. Les Hominines font partie, avec les Panines (chimpanzés et bonobos), de la sous-famille des Homininés. À savoir que la séparation de ces deux lignées est intervenue il y a au moins 7 millions d’années. Homininés et gorilles forment finalement la famille des Hominidés.

Les chimpanzés font partie de la sous-famille des Homininés, tout comme la lignée humaine (les Hominines). © EnricoPescantini, Adobe Stock

LES CHIMPANZÉS FONT PARTIE DE LA SOUS-FAMILLE DES HOMININÉS, TOUT COMME LA LIGNÉE HUMAINE (LES HOMININES). © ENRICOPESCANTINI, ADOBE STOCK

S’il est à peu près clair que les Hominines, la lignée humaine donc, ont émergé en Afrique, le doute demeure sur l’origine des Homininés. Actuellement, l’hypothèse africaine est préférée car les représentants des deux lignées issues des Homininés (les Hominines et les Panines) ont été retrouvés sur le territoire africain. Pourtant, de récentes découvertes viennent semer le doute.

Un primate de 8,7 millions d’années qui renforce l’hypothèse d’une origine européenne

Des fossiles de singe datant de la fin du Miocène (plus de 5 millions d’années) ont en effet été retrouvés en Europe et en Anatolie centrale, montrant que la présence d’Homininés sur ce territoire pourrait être bien plus ancienne qu’on ne le pensait auparavant, voire même que cette sous-famille de primate dont est issue la lignée humaine trouve son origine en Europe. Et la découverte d’un crâne en Turquie pourrait bien venir renforcer cette nouvelle hypothèse.

Le crâne, retrouvé en 2015 sur le site de Çorakyerler, est remarquablement préservé et a permis d’identifier un nouveau représentant de la sous-famille des Homininés. Les analyses révèlent que ce primate, nommé Anadoluvius turkae, aurait vécu il y a 8,7 millions d’années. Il fait partie de la plus ancienne radiation connue d’Homininés, les membres de cette radiation n’ayant été identifiés, pour l’instant, uniquement en Europe et en Anatolie.

Le crâne d'<em>Anadoluvius</em> retrouvé en Turquie en 2015. © Sevim-Erol et al. 2023, <em>Communications biology</em>

LE CRÂNE D’ANADOLUVIUS RETROUVÉ EN TURQUIE EN 2015. © SEVIM-EROL ET AL. 2023, COMMUNICATIONS BIOLOGY

Une longue évolution en Europe avant d’essaimer en Afrique

Le crâne présente une face quasiment complète, avec le front et une partie de la boîte crânienne. Autant de détails qui ont permis de reconstruire une image d’Anadoluvius. Il s’agissait vraisemblablement d’un primate plutôt grand et massif, similaire à un chimpanzé mâle de 50 à 60 kilos. L’étude paléoenvironnementale suggère qu’Anadoluvius vivait dans des forêts sèches et plutôt ouvertes, contrairement aux milieux forestiers dans lesquels vivent les grands singes actuellement. Il passait certainement beaucoup de son temps sur le sol, comme le suggèrent les puissantes mâchoires et les dents grandes et épaisses qui devaient lui permettre de se nourrir d’aliments durs comme des racines.

Ces résultats, publiés dans la revue Communications biology, suggèrent donc une tout autre histoire que celle racontée précédemment. Il apparaît que les Homininés auraient tout d’abord évolué durant plus de 5 millions d’années en Europe centrale et de l’Ouest avant de coloniser l’est de la Méditerranée puis, de là, se seraient dispersés en Afrique il y a environ 8 millions d’années, probablement en raison d’un changement environnemental ayant entraîné une réduction des forêts européennes. Sur le territoire africain, ces Homininés se seraient ensuite diversifiés pour donner naissance à la lignée des singes africains et à celle des humains.

Il est depuis longtemps reconnu que la faune moderne des plaines africaines (girafes, rhinocéros, antilopes, éléphants…) trouve son origine dans la faune de l’est de la Méditerranée, qui a essaimé vers le sud. D’après cette nouvelle étude, les lointains ancêtres des humains et des chimpanzés auraient donc tout simplement suivi le même mouvement il y a 9 à 7 millions d’années.

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Pascal Praud dans le JDD : « Des étés de porcelaine »

https://www.lejdd.fr/chroniques/pascal-praud-dans-le-jdd-des-etes-de-porcelaine-137819

L’été comme aucune autre saison ouvre le grenier de nos souvenirs. Promenade nostalgique dans les beaux jours des Trente Glorieuses.Pascal Praud 20/08/2023 à 12:12

Mes grands-parents étaient nés en 1907 et 1908 dans une commune de Vendée, Bretignolles-sur-Mer qui comptait 1 200 habitants. Ils s’appelaient Marius et Sylvanie. Ils ont habité de ma naissance jusqu’à leur mort dans
le même appartement au 3, place de la Bourse, à Nantes, où pas un fauteuil, pas une table, pas un napperon n’a bougé. Le seul changement en
trente ans fut l’entrée dans le salon d’un téléviseur couleur qui remplaça le noir et blanc.

Ma grand-mère ne s’est jamais remise de Vatican II. L’abandon de la messe en latin est une blessure qu’elle a portée jusqu’à la tombe.
Mon grand-père ne comprit pas que j’apprisse la langue allemande lorsque j’entrais en sixième, lui orphelin de guerre, pupille de la nation, lui
dont le père était mort à Verdun en 1916.

https://www.lejdd.fr/chroniques/pascal-praud-dans-le-jdd-des-etes-de-porcelaine-137819


« Tata, tu piques ! » Quand l’été arrivait, mes grands-parents partaient
pour Bretignolles-sur-Mer et nous emmenaient parfois, mon frère et moi, dans leurs bagages.
Nous prenions le car ; mes grands-parents ne possédaient pas d’automobile. C’était l’occasion de voir la famille, des cousins, cousines qui parlaient un dialecte local, le patois vendéen, dont on ne comprenait pas un mot et des tantes à moustaches qui nous embrassaient à qui mieux mieux dans des saveurs de vinasse, de sueur et – j’ose
le dire – de pisse. « Tata, tu piques ! », risquais-je dans un souffle. « On ne parle pas comme ça pas à Tante Marie », rétorquait ma grand-mère qui
était aussi sa sœur. Tante Marie n’avait jamais quitté Bretignolles. Le sol de sa maison était en terre battue. Je l’ai toujours vue habillée de noir.
Elle était veuve comme étaient veuves très jeunes les femmes de marins-pêcheurs. Ma grand-mère avait préféré la ville. Elle était partie pour Nantes dans les années 1930. Son métier de couturière signifiait une promotion sociale.
Je parle chinois pour les ados du XXIe siècle. Aujourd’hui, il n’y a plus de différence entre Paris, Nantes et Bretignolles-sur-Mer. Les jeunes s’habillent tous chez H&M ou chez Zara. Le patois est une langue morte. Imaginez la France rurale du début du XXe siècle et songez qu’elle vivait ses derniers feux durant les années 1970.

Maine-et-Loire. Mgr Batut, nouvel évêque d’un diocèse « fantôme » qui comprend Cholet et Vihiers

Disparu en 1648 et restauré en 2009, le diocèse de Maillezais s’étend du sud Vendée jusqu’aux Mauges en passant par Cholet, le Bocage bressuirais et le Vihiersois. Un diocèse en réalité réduit au rôle de symbole. Un nouvel évêque, Mgr Jean-Pierre Batut, y a pourtant été nommé le 26 juin.

Mgr Jean-Pierre Batut, évêque auxiliaire de Toulouse et évêque de Maillezais.
Mgr Jean-Pierre Batut, évêque auxiliaire de Toulouse et évêque de Maillezais. | CAPTURE D’ÉCRAN YOUTUBE
C’est un diocèse pas comme les autres. Confiné au rôle de symbole. Créé au Moyen Âge en 1317, l’évêché de Maillezais a été supprimé en 1648, laissant la place au diocèse de La Rochelle créé par le pape Innocent X. Il s’étendait de Maillezais dans le sud Vendée, siège du diocèse, jusqu’aux Mauges en passant par Cholet, le Bocage bressuirais et le Vihiersois.

Sur décision du pape Benoit XVI, le Vatican a restauré le siège épiscopal de Maillezais le 9 février 2009 avant que le pape François ne lui attribue en 2017 le rôle de diocèse titulaire. Dans l’organisation de l’Église catholique, il s’agit d’un évêché confié à des prélats qui se retrouvent sans ministère, soit parce qu’ils ne sont que « simples » évêques auxiliaires, soit parce qu’ils ont démissionné. Car, dans l’Église, tout évêque, même démissionnaire, doit veiller sur une portion du peuple de Dieu, au moins de façon symbolique , rappelait en 2009 Mgr Dominique Rézeau, ancien nonce apostolique en Vendée.

Ancien évêque de Blois

Autrefois, on les appelait « évêques in partibus infidelium », autrement dit évêques « en pays des infidèles » car ils étaient nommés dans des pays non chrétiens. L’un des plus célèbres évêques in partibus fut Mgr Jacques Gaillot (1935-2023), déchargé de ses fonctions à Évreux (Eure) en 1995 en raison de ses prises de position en faveur des divorcés remariés, du mariage des prêtres ou de l’ordination de femmes. Il fut alors désigné évêque in partibus de Parténia, un ancien diocèse d’Algérie disparu depuis le V e siècle.

Depuis qu’il est redevenu diocèse titulaire, Maillezais a accueilli un premier évêque, Mgr Antoine Hérouard en 2017. Celui-ci ayant été nommé archevêque de Dijon (Côte-d’Or) en février 2022, le diocèse de Maillezais se retrouvait sans prélat. Un vide comblé le 26 juin 2023 par la nomination de Mgr Jean-Pierre Batut , 69 ans, évêque auxiliaire de Toulouse (Haute-Garonne) et donc évêque de Maillezais. Il avait été auparavant à la tête du diocèse de Blois (Loir-et-Cher), fonction dont il a été déchargé par le pape à sa demande pour des problèmes de santé tandis que nos confrères de La Nouvelle République évoquaient à l’époque une gouvernance contestée et des désaccords sur la gestion financière et humaine .

Ce n’est pas la première fois que Mgr Batut devient évêque in partibus. Alors évêque auxiliaire de Lyon en 2008, auprès du cardinal Barbarin, il avait hérité du titre d’évêque in partibus de Ressiana, un ancien évêché du nord de l’Algérie. Pour les fidèles de Cholet, des Mauges et du Vihiersois, rien ne change, « leur » évêque reste bien Mgr Delmas à Angers mais rien n’interdit à son alter ego de Maillezais, Mgr Batut, de leur venir à leur rencontre. Ce qui serait une grande première.

 

 

 

 

Source : Maine-et-Loire. Mgr Batut, nouvel évêque d’un diocèse « fantôme » qui comprend Cholet et Vihiers

Élections sénatoriales 2023 : départements concernés, spécificités du scrutin… Voici ce qu’il faut savoir

 

Elections sénatoriales 2023 : départements concernés, spécificités du scrutin… Voici ce qu'il faut savoir©Vernier Jean-Bernard/JBV News/ABACAabacapress
Les élections sénatoriales auront lieu à la rentrée, le dimanche 24 septembre prochain. Récapitulatif des informations clés pour comprendre les enjeux des seules élections de l’année 2023.

Élections sénatoriales 2023 :

 

170 sièges à pourvoir

Le 24 septembre prochain, ce ne sont pas tous les sièges qui vont être renouvelés, mais seulement 170 des 348 sénateurs, comme l’explique Le Figaro.

Depuis 2011, les sénateurs sont, en effet, renouvelés par moitié tous les trois ans, en alternance entre deux séries, l’une de 170 et l’autre de 178 sièges.

La série 2 a été renouvelée d’uniquement 172 sièges en raison de la crise sanitaire lors des élections sénatoriales de septembre 2020, rappelle le Sénat.

Cette année, la série visée par les élections est donc celle de 170 sénateurs, qui ont été élus en 2017.

Ils arrivent donc en fin de mandat, les sénateurs étant élus pour un mandat de six ans, renouvelable.

Pour ce scrutin si particulier, les départements concernés sont tous les départements d’Île-de-France et ceux allant du numéro 37 (Indre-et-Loire) au 66 (Pyrénées-Orientales). Six territoires d’Outre-mer sont également concernés à l’instar de la Guadeloupe, de la Martinique, de la Réunion, de Mayotte, de la Nouvelle-Calédonie et enfin Saint-Pierre-et-Miquelon, comme le détaille le site du Sénat.

Source : Élections sénatoriales 2023 : départements concernés, spécificités du scrutin… Voici ce qu’il faut savoir

 

Élections sénatoriales 2023 : départements concernés, spécificités du scrutin… Voici ce qu’il faut savoir

Elections sénatoriales 2023 : départements concernés, spécificités du scrutin… Voici ce qu'il faut savoir©Vernier Jean-Bernard/JBV News/ABACAabacapress
Les élections sénatoriales auront lieu à la rentrée, le dimanche 24 septembre prochain. Récapitulatif des informations clés pour comprendre les enjeux des seules élections de l’année 2023.
SOMMAIRE

Cette année pas d’élections nationales à l’horizon… A une exception près : les sénatoriales,  pour lesquelles les électeurs ne sont pas appelés aux urnes. Les sénateurs sont élus par le suffrage universel indirect pour un mandat de 6 ans, renouvelés par moitié tous les 3 ans, en alternance entre deux séries : la série 1 (170 sièges) et la série 2 (178). La date exacte des élections est fixée par décret, et habituellement, elles ont lieu le troisième dimanche de septembre. Cette année, elles auront, en effet, lieu à ces dates habituelles, puisqu’elles prendront place le 24 septembre prochain. Vous êtes inconnus au mode de fonctionnement de ces élections ? Pas d’inquiétude, nous vous expliquons tout ce qu’il faut savoir.

Élections sénatoriales 2023 : comment se déroulent-elles ?

À la différence d’autres modes de scrutin, ne vous pressez pas dans votre mairie pour vous procurer votre nouvelle carte d’électeur. Effectivement, ce ne sont pas les citoyens qui votent à ces élections pour désigner les nouveaux représentants du Sénat. Pour être plus précis, dans chaque département, les sénateurs sont élus par un collège électoral de grands électeurs formés principalement d’élus de la circonscription, « comprenant des sénateurs, des députés, des conseillers régionaux élus dans le département, des conseillers départementaux et des délégués des conseils municipaux« , rappelle sur son site le ministère de l’Intérieur.

Le collège électoral est composé d’environ 160 000 personnes, dont 95 % sont des conseillers municipaux, précise le gouvernement. À noter que le nombre de sénateurs dans chaque circonscription varie en fonction de la population, tout comme le mode de scrutin varie en fonction du « nombre de sièges dévolus au département ». Ainsi, pour élire un ou deux sénateurs, l’élection se déroule au scrutin majoritaire à deux tours. Pour trois ou plus, c’est le scrutin proportionnel qui s’applique.

Élections sénatoriales 2023 : 170 sièges à pourvoir

Le 24 septembre prochain, ce ne sont pas tous les sièges qui vont être renouvelés, mais seulement 170 des 348 sénateurs, comme l’explique Le Figaro. Depuis 2011, les sénateurs sont, en effet, renouvelés par moitié tous les trois ans, en alternance entre deux séries, l’une de 170 et l’autre de 178 sièges. La série 2 a été renouvelée d’uniquement 172 sièges en raison de la crise sanitaire lors des élections sénatoriales de septembre 2020, rappelle le Sénat. Cette année, la série visée par les élections est donc celle de 170 sénateurs, qui ont été élus en 2017.Ils arrivent donc en fin de mandat, les sénateurs étant élus pour un mandat de six ans, renouvelable.

Vidéo du jour

Pour ce scrutin si particulier, les départements concernés sont tous les départements d’Île-de-France et ceux allant du numéro 37 (Indre-et-Loire) au 66 (Pyrénées-Orientales). Six territoires d’Outre-mer sont également concernés à l’instar de la Guadeloupe, de la Martinique, de la Réunion, de Mayotte, de la Nouvelle-Calédonie et enfin Saint-Pierre-et-Miquelon, comme le détaille le site du Sénat.

Élections sénatoriales 2023 : quels changements attendre de ce suffrage ?

Un taux de renouvellement en hausse ? Vivement critiqué pour sa faible capacité de régénération, le scrutin édition 2023 pourrait enfin faire exception à cette règle presque établie. Chaque élection sénatoriale voit une importante part de nouveaux sénateurs faire son entrée dans l’hémicycle du palais du Luxembourg. En 2020, le taux de renouvellement s’était ainsi élevé à 45 % (78 nouveaux élus sur 172 sièges à pourvoir). Cette année, un certain renouvellement semble également se profiler. D’après les chiffres de Public Sénat, sur 86 % des 170 sièges à pourvoir en septembre, au moins 39 électeurs ne se représentent pas.

Autre fait notable, dans un ordre plus politique, une alliance semble se faire jour à gauche dans de nombreuses circonscriptions. Le Parti Socialiste est, en effet, parvenu à un accord avec Europe Ecologie les Verts ainsi qu’avec le Parti Communiste Français. Le PS fera donc liste commune avec EELV dans 14 départements et avec le PCF dans 15 départements. À titre de comparaison, lors des élections de 2017, la gauche n’était parvenue à un accord que dans deux départements. Cependant, aucun accord n’a été conclu avec LFI, très peu représenté au niveau des communes, et qui pourrait donc se retrouver avec aucun siège au Sénat.

Les Républicains quant à eux, qui constituent le groupe majoritaire au Sénat, mettent en jeu 65 de leurs 145 sièges à la rentrée. Si Bruno Retailleau, président du groupe dans le 6ème arrondissement de Paris, « anticipe plutôt une stabilité », rien n’est encore joué. Dans les zones urbaines, le parti pourrait perdre plusieurs sièges, au profit d’Horizons, le groupe emmené par un ancien pensionnaire de la maison, Édouard Philippe.

 

 

 

 

 

 

 

 

Chine : Xi Jinping a lui-même provoqué la fin du miracle économique, par Adam Posen – L’Express

Supprimer la plupart des obstacles pour les talents et les capitaux chinois ne compromettrait en rien la prospérité ou la sécurité nationale des Etats-Unis.

En revanche, il serait plus difficile pour Pékin de maintenir une économie croissante qui soit à la fois stable et étroitement contrôlée par le Parti.

Comparée à la stratégie économique actuelle des Etats-Unis envers la Chine, bien plus conflictuelle, restrictive et punitive, cette nouvelle approche réduirait le risque d’une escalade dangereuse entre Washington et Pékin, et elle serait moins source de divisions entre les alliés des Etats-Unis et les économies en développement.

Cette approche nécessiterait de faire savoir que les personnes, l’épargne, la technologie et les marques chinoises sont les bienvenues aux Etats-Unis ; à l’opposé des efforts qui les excluent ouvertement.

Source : Chine : Xi Jinping a lui-même provoqué la fin du miracle économique, par Adam Posen – L’Express

Traduction exclusive

Chine : Xi Jinping a lui-même provoqué la fin du miracle économique, par Adam Posen

Selon l’économiste américain, le régime chinois, par excès d’autoritarisme, s’est infligé un « Covid long économique ». Pour Pékin, le ralentissement de la croissance sera durable.

Le président chinois Xi Jinping, le 6 avril 2023 à Pékin

Selon Adam Posen, sous la présidence de « Xi Jinping [ici, le 6 avril 2023, à Pékin], et surtout depuis le début de la pandémie, le Parti est rentré dans la norme des Etats autoritaires. […] Cette crise offre à Washington l’occasion de revoir sa stratégie face à la Chine et d’adopter une approche plus efficace et moins autodestructrice que celle poursuivie jusqu’à présent ».

afp.com/LUDOVIC MARIN

Fin 2022, on espérait que l’économie chinoise – et, par conséquent, l’économie mondiale – était sur le point de connaître un nouvel essor. Après trois années de restrictions strictes des déplacements, de tests de masse obligatoires et de confinements interminables, le gouvernement chinois avait soudainement décidé d’abandonner sa politique du « zéro Covid », qui avait supprimé la demande, entravé l’industrie, perturbé les chaînes d’approvisionnement et provoqué le ralentissement économique le plus important qu’ait connu le pays depuis le début des réformes en faveur du marché, à la fin des années 1970. Dans les semaines qui ont suivi ce changement de politique, les prix mondiaux du pétrole, du cuivre et d’autres produits de base ont augmenté, dans l’attente d’une hausse de la demande chinoise. En mars dernier, juste avant de quitter ses fonctions, le Premier ministre chinois Li Keqiang a annoncé un objectif de croissance du PIB réel d’environ 5 %, de nombreux analystes prédisant qu’il serait bien plus élevé.

Dans un premier temps, certains secteurs de l’économie chinoise ont effectivement progressé : la demande, longtemps réprimée, en matière de tourisme intérieur, d’hôtellerie et de services de vente au détail a contribué à la reprise économique. Les exportations ont augmenté au cours des premiers mois de 2023, et il semblait que même le marché de l’immobilier résidentiel, en difficulté, avait atteint son niveau le plus bas. Mais, à la fin du deuxième trimestre, les données du PIB révèlent une tout autre histoire : la croissance globale est faible et semble s’inscrire dans une tendance à la baisse. Les investisseurs étrangers, méfiants, et les gouvernements locaux chinois, à court d’argent, ont choisi de ne pas profiter de cet élan initial.

Ce revirement est bien plus sérieux qu’une simple prévision un peu trop optimiste qui a raté sa cible. La gravité du problème est révélée par la baisse de la consommation de biens durables et des taux d’investissement du secteur privé en Chine, qui ne représentent plus qu’une fraction de leurs niveaux antérieurs, comme par le fait que les ménages chinois préfèrent placer une partie de plus en plus grande de leur épargne sur des comptes bancaires. Ces tendances reflètent les décisions économiques à long terme des individus, et elles semblent montrer que, en Chine, les individus comme les entreprises craignent de plus en plus de perdre l’accès à leurs actifs, donnant ainsi la priorité aux liquidités à court terme plutôt qu’à l’investissement. Le fait que ces indicateurs ne soient pas revenus aux niveaux normaux d’avant la crise du Covid-19 – sans même parler d’un boom à son terme, comme ce fut le cas aux Etats-Unis ou ailleurs – est le signe de problèmes profonds.

Une maladie systémique

Il est désormais clair que le premier trimestre 2020, marqué par le début de la pandémie, a représenté un point de non-retour pour l’économie chinoise, qui avait commencé à basculer en 2015, lorsque l’Etat a étendu son contrôle. Depuis cette date, la part des dépôts bancaires dans le PIB a augmenté de 50 % et se maintient à un niveau élevé. La consommation de biens durables dans le secteur privé est en baisse d’environ un tiers par rapport au début de l’année 2015, poursuivant son déclin depuis la réouverture de la Chine. L’investissement privé est encore plus faible, avec une baisse historique de deux tiers depuis le premier trimestre 2015, dont une diminution de 25 % depuis le début de la pandémie. Ces deux formes clefs d’investissement du secteur privé continuent d’afficher une tendance à la baisse.

Les marchés financiers et, probablement, le gouvernement chinois lui-même ont négligé la gravité de ces faiblesses qui risquent de freiner la croissance pendant plusieurs années. Il s’agit d’un cas de « Covid long économique ». Tel un patient souffrant de cette maladie chronique, le corps économique de la Chine n’a pas retrouvé sa vitalité et reste léthargique, alors même que la phase aiguë – trois années de confinement, dans le cadre du « zéro Covid », extrêmement strictes et coûteuses – a pris fin. La maladie est systémique, et le seul remède fiable – assurer de manière crédible aux Chinois ordinaires et aux entreprises que l’intrusion du gouvernement dans la vie économique soit limitée – ne peut être mis en œuvre.

Le développement économique dans les régimes autoritaires tend à suivre un schéma prévisible. Il y a d’abord une période de croissance durant laquelle le régime permet aux entreprises politiquement dociles de prospérer, alimentées par les largesses de l’Etat. Mais, une fois que le régime se sent plus fort, il intervient dans l’économie de manière de plus en plus arbitraire. Finalement, face à l’incertitude et à la peur, les ménages et les petites entreprises préfèrent conserver des liquidités plutôt que de faire des placements non liquides. Résultat : la croissance décline de manière persistante.

Depuis que Deng Xiaoping a lancé la « réforme et ouverture » de l’économie chinoise, à la fin des années 1970, les dirigeants du Parti communiste chinois (PCC) ont délibérément résisté à la tentation d’intervenir dans le secteur privé, tenant bien plus longtemps que la plupart des régimes autoritaires. Mais, sous Xi Jinping, et surtout depuis le début de la pandémie, le PCC est rentré dans la norme des Etats autoritaires. Dans le cas de la Chine, le coronavirus n’est pas la cause principale du Covid long économique. Le principal coupable, c’est la réponse immunitaire de la population face à une intervention étatique extrême, qui a freiné le dynamisme économique. Cette crise offre à Washington l’occasion de revoir sa stratégie face à la Chine, et d’adopter une approche plus efficace et moins autodestructrice que celles poursuivies par l’administration Trump et, jusqu’à présent, par l’administration Biden.

« Pas de politique, pas de problème »

Avant la pandémie, la grande majorité des ménages chinois et des petites entreprises privées se reposaient sur un accord tacite : le « pas de politique, pas de problème », en place depuis le début des années 1980. Le PCC contrôle en dernier ressort les droits de propriété, mais, tant que les citoyens restent à l’écart de la politique, le Parti ne s’immisce pas dans leur vie économique. Ce modus vivendi se retrouve dans de nombreux régimes autocratiques qui souhaitent que leurs citoyens soient satisfaits et productifs. Durant ces quatre dernières décennies, il a parfaitement fonctionné pour la Chine.

Lorsque Xi Jinping a pris ses fonctions, en 2013, il a lancé une virulente campagne anticorruption, qui a permis d’éliminer une partie de ses principaux rivaux, tel l’ancien membre du Politburo Bo Xilai. Ces mesures étaient populaires auprès de la majorité des citoyens ; après tout, qui n’approuverait pas le fait de punir les fonctionnaires corrompus ? De plus, elles n’ont pas violé le pacte économique, car elles ne visaient que certains membres du Parti, représentant moins de 7 % de la population.

Quelques années plus tard, Xi est allé plus loin en mettant au pas les géants de la technologie. Fin 2020, les dirigeants du Parti ont fait de Jack Ma un exemple. Ce magnat de la technologie avait publiquement critiqué les régulateurs de l’Etat. Le régime a retardé de force l’introduction en Bourse de l’une de ses entreprises, Ant Group, et l’a banni de la vie publique. Les investisseurs occidentaux ont réagi avec inquiétude, mais, une fois encore, la plupart des Chinois se sont montrés satisfaits ou indifférents. La manière dont l’Etat traite les biens d’une poignée d’oligarques n’a que peu d’importance pour leur vie économique quotidienne.

En revanche, les mesures prises par le gouvernement face à la pandémie ont été d’un tout autre niveau. Elles ont montré, de manière visible et tangible, le pouvoir arbitraire du PCC sur les activités commerciales de chacun, y compris les acteurs les plus petits. En quelques heures à peine, un quartier ou une ville entière ont pu être confinés indéfiniment, des commerces de détail, fermés sans aucun recours, des habitants, piégés dans des immeubles, leur vie et leurs moyens de subsistance suspendus.

Toutes les grandes économies ont traversé une forme de confinement au début de la pandémie, mais aucune d’elles n’a connu quelque chose d’aussi brutal, sévère et implacable que les mesures antipandémiques de la Chine. La politique du « zéro Covid » s’est révélée aussi impitoyable qu’arbitraire dans son application locale, semblant ne suivre que les caprices des responsables du Parti. L’écrivain chinois Murong Xuecun a comparé l’expérience à une campagne d’emprisonnement de masse. Des pénuries de produits alimentaires, de médicaments sur ordonnance et de soins médicaux essentiels ont même touché les communautés riches et connectées de Pékin ou de Shanghai. Pendant ce temps, l’activité économique s’est effondrée. Les ouvriers et les cadres de Foxconn, l’un des plus importants fabricants de produits technologiques destinés à l’exportation, ont fait publiquement part de leur crainte que leur entreprise puisse être exclue des chaînes d’approvisionnement mondiales.

A la merci du Parti et de ses caprices

De cette période il reste une peur généralisée, jamais vue depuis l’époque de Mao – la peur de perdre ses biens ou ses moyens de subsistance, temporairement ou pour toujours, sans avertissement et sans aucun recours. Des expatriés ont témoigné dans ce sens, et les données économiques le confirment. Le « zéro Covid » a été une réaction à des circonstances extraordinaires, et de nombreux Chinois estiment que l’approche radicale de Xi Jinping a permis de sauver plus de vies que l’Occident n’aurait pu le faire. Mais la manière implacable dont les responsables locaux ont mis en œuvre cette stratégie reste omniprésente dans les mémoires.

Pour certains, la décision du PCC d’abandonner le « zéro Covid » fin 2022, après une vague de protestations, signifie que le régime a au moins pris en compte l’opinion publique, même de manière tardive. Cette volte-face a, selon le New York Times, représenté une « victoire » pour les manifestants. Mais on ne peut pas en dire autant des Chinois ordinaires, du moins en ce qui concerne leur vie économique. Un mois avant la fin soudaine du « zéro Covid », de hauts responsables du Parti avaient publiquement fait savoir qu’il fallait s’attendre à un retrait progressif des restrictions sanitaires : mais ce qui a suivi quelques semaines plus tard fut un revirement brutal et total. Ce changement soudain n’a fait que renforcer le sentiment, chez de nombreux Chinois, que leurs emplois, leurs entreprises et leurs routines quotidiennes étaient à la merci du Parti et de ses caprices.

Bien sûr, il y a de nombreux autres facteurs. Les faillites d’entreprises et les prêts en souffrance résultent d’une bulle immobilière qui a éclaté en août 2021 et restent un frein persistant à la croissance, tout en limitant le financement des collectivités locales. Les craintes d’une réglementation excessive, ou pire, demeurent chez les propriétaires d’entreprises de la tech. Les restrictions commerciales et technologiques imposées par les Etats-Unis, tout comme les représailles chinoises, ont fait des dégâts. Bien avant le Covid, Xi avait déjà renforcé le rôle des entreprises publiques et accru la surveillance du Parti sur le secteur économique. Mais le PCC avait également poursuivi certaines politiques favorables à la croissance, notamment avec des sauvetages financiers, des investissements dans le secteur de la haute technologie et un accès facile au crédit. La réponse apportée au Covid, cependant, a clairement démontré que le Parti communiste était le décideur ultime quant à la capacité des gens à gagner leur vie ou à accéder à leurs actifs, et qu’il pouvait prendre des décisions apparemment arbitraires à mesure que les priorités du régime évoluaient.

L’interventionnisme grandissant des autocrates

Après avoir résisté à la tentation pendant des décennies, la politique économique de la Chine sous Xi Jinping a finalement suivi un modèle familier dans les régimes autocratiques. Au départ, ces dirigeants proposent généralement le pacte « pas de politique, pas de problème », garantissant le statu quo dans les affaires à tous ceux qui gardent la tête baissée. Mais, lors de leur deuxième ou troisième mandat, les autocrates négligent de plus en plus les enjeux commerciaux au profit de politiques interventionnistes pour poursuivre des objectifs à court terme. Ils prennent des mesures contre des rivaux politiques ou de grandes multinationales, pour en faire des exemples. Au fil du temps, le contrôle de l’Etat sur les activités économiques s’étend à des parts de plus en plus importantes de la population. Hugo Chavez et Nicolas Maduro, au Venezuela, Recep Tayyip Erdogan, en Turquie, Viktor Orban, en Hongrie, ou Vladimir Poutine, en Russie, ont tous adopté ce modèle.

Lorsqu’un régime autoritaire bien installé viole l’accord « pas de politique, pas de problème », les conséquences économiques sont nombreuses. Confrontés à un climat incertain qui ne dépend pas de leur volonté, les citoyens essaient de se rassurer. Ils conservent leur argent ; ils investissent et dépensent moins qu’auparavant, en particulier pour des biens matériels comme des voitures, des équipements et infrastructures pour les petites entreprises ou des biens immobiliers. Leur aversion grandissante face au risque et leur épargne qui leur sert de sécurité agissent comme un frein à la croissance, un peu comme ce qui se passe après une crise financière.

Pendant ce temps, la capacité du gouvernement à piloter l’économie et à la préserver des chocs macroéconomiques faiblit. Puisque les gens savent qu’une politique donnée peut être appliquée arbitrairement, en étant élargie un jour et annulée le lendemain, ils deviennent moins sensibles aux plans de relance ou autres. Là aussi, c’est un scénario familier. En Turquie, par exemple, Erdogan a ces dernières années fait pression sur la Banque centrale pour qu’elle baisse les taux d’intérêt, ce qui, espérait-il, alimenterait un boom des investissements. A la place, on a vu une montée en flèche de l’inflation. En Hongrie, un important plan de relance budgétaire et monétaire n’a pas réussi à atténuer l’impact économique de la pandémie, malgré le succès de mesures similaires dans les pays voisins.

La même tendance est déjà visible en Chine, parce que Xi a renforcé la réponse immunitaire du secteur privé chinois à toute intervention du gouvernement. Les plans de relance introduits depuis la fin de la politique du « zéro Covid », destinés à stimuler les dépenses de consommation en voitures et autres biens durables, ne sont guère populaires. Et, au premier semestre, la part des entreprises chinoises ayant sollicité des prêts bancaires est restée à peu près aussi faible qu’elle ne l’était en 2021, c’est-à-dire moitié moins que le niveau moyen d’avant le Covid, et ce en dépit des efforts de la Banque centrale et du ministère des Finances pour encourager l’emprunt à taux bas. Faible appétit pour les investissements non liquides et faible réactivité aux politiques macroéconomiques de relance : voilà, en quelques mots, ce qui définit le Covid long économique.

Ralentissement durable de la croissance

Une fois qu’un régime autocratique a perdu la confiance des ménages moyens et des entreprises, il est difficile de la reconquérir. Un retour à de bonnes performances économiques ne suffit pas, car il n’écarte pas le risque d’interventions ou d’expropriations futures. Le talon d’Achille de l’autocrate, c’est un manque inhérent de modération. S’engager sérieusement à limiter son intervention revient à admettre la possibilité qu’on puisse commettre des abus de pouvoir. C’est précisément pourquoi les pays les plus démocratiques adoptent des Constitutions, et que leurs assemblées législatives exercent un contrôle sur les budgets.

De manière délibérée ou non, le PCC est allé plus loin dans la direction opposée. En mars, le parlement chinois, l’Assemblée nationale populaire (ANP), a modifié ses procédures législatives pour faciliter, et non plus compliquer, l’adoption d’une loi d’urgence. Celle-ci ne nécessite désormais plus que l’approbation du comité permanent de l’ANP, composé d’une minorité de fidèles du Parti. De nombreux observateurs extérieurs ont négligé l’importance de ce changement. Mais ses effets pratiques sur la politique économique ne passeront pas inaperçus auprès des ménages et des entreprises, qui seront encore plus exposés aux décrets du Parti.

Résultat : le Covid long économique est plus qu’un frein temporaire à la croissance. Il affectera sans doute l’économie chinoise pendant plusieurs années. Les prévisions plus optimistes n’ont pas encore pris en compte ce changement durable. Comme les prévisionnistes occidentaux et les organisations internationales ont mis en doute les perspectives de croissance de la Chine pour cette année et la suivante, ils se sont focalisés sur des problèmes facilement observables, tels que les craintes des chefs d’entreprise concernant le secteur privé de la haute technologie, ou la fragilité financière du marché de l’immobilier. Ces secteurs particuliers sont certes importants, mais ils comptent bien moins pour la croissance à moyen terme que le Covid long économique, qui touche l’ensemble des consommateurs et des petites entreprises, même si ce syndrome est moins visible aux yeux des investisseurs et observateurs en général (il est sans doute plus évident pour certains analystes chinois, mais ceux-ci ne peuvent pas le faire savoir en public). Bien que des politiques ciblées puissent tenter de résoudre certains problèmes propres à un secteur économique particulier, le mal, bien plus large, persistera.

Ces derniers mois, Bank of America, l’Economist Intelligence Unit et Goldman Sachs, par exemple, ont chacun révisé à la baisse – d’au moins 0,4 point – leurs prévisions de croissance du PIB chinois en 2023. Mais, parce que la persistance d’un Covid long économique n’est pas encore prise en compte et que nombre de prévisions supposent, à tort, que les programmes de relance de Pékin seront efficaces, les observateurs surestiment toujours les perspectives de croissance pour l’année suivante et au-delà. Les prévisions de croissance annuelle du PIB en 2024 par l’OCDE (5,1 %) et le FMI (un plus modeste 4,5 %) pourraient être erronées de 0,5 % ou plus.

Pression continue de Xi

Le secteur privé chinois épargnera plus, investira moins et prendra moins de risques qu’avant ce Covid long économique, et encore moins qu’avant le deuxième mandat de Xi. La consommation de biens durables et l’investissement du secteur privé seront moins sensibles aux politiques de relance. Les conséquences probables seront une économie plus volatile (la politique macroéconomique sera moins efficace pour inciter les ménages et les petites entreprises à compenser les ralentissements) et une dette publique plus importante (il faudra plus de relance budgétaire pour obtenir l’impact souhaité). Celles-ci, à leur tour, entraîneront une baisse de la croissance économique moyenne au fil du temps, en réduisant la croissance de la productivité, en plus de réduire la croissance de l’investissement privé à court terme.

Pourtant, Xi et d’autres dirigeants du PCC peuvent simplement prendre cela comme une confirmation de leur conviction que l’avenir économique du pays repose moins sur le secteur privé que sur les entreprises publiques. Avant même la pandémie, la pression gouvernementale a poussé les banques et les fonds d’investissement à privilégier les entreprises publiques dans leurs prêts, tandis que les investissements dans le secteur privé ont reculé. Les recherches de l’économiste Nicholas Lardy ont révélé que la part des investissements annuels allant aux entreprises du secteur privé chinois avait culminé en 2015, et que la part détenue par l’Etat avait nettement augmenté depuis lors. Le Covid long économique va renforcer cette tendance, pour deux raisons. Premièrement, les investisseurs privés et les petites entreprises pécheront par excès de prudence et garderont des liquidités plutôt que de faire de gros paris financés par des emprunts. Deuxièmement, toute réduction d’impôt ou tout programme de relance visant le secteur privé sera moins rentable dans l’immédiat qu’un investissement dans le secteur public. Ajoutez à cela la pression continue de Xi pour arriver à une autosuffisance en matière de technologies de pointe, ce qui soumet une part croissante des investissements à un contrôle encore plus arbitraire du Parti, et les perspectives de croissance de la productivité et de rendement du capital ne font que s’assombrir.

Conséquences pour le reste du monde

Parmi les responsables américains et leurs alliés, certains considèrent la forte croissance chinoise comme une menace. Ils pourraient donc se réjouir de la maladie actuelle du pays. Mais une économie chinoise à croissance plus lente et moins stable aura également des inconvénients pour le reste du monde, y compris les Etats-Unis. Si les Chinois préfèrent toujours épargner dans les dépôts bancaires plutôt que d’investir, et s’ils dépensent plus pour les services fournis au niveau national par la Chine plutôt que pour des technologies et autres biens durables qui nécessitent des importations, leur excédent commercial avec le reste du monde continuera de croître – qu’importent les efforts d’un Biden ou d’un autre visant à le réduire. Et lorsque surgira une nouvelle récession mondiale, la croissance de la Chine ne permettra pas de relancer la demande à l’étranger, comme cela a été le cas la fois précédente. Les responsables occidentaux devraient ajuster leurs attentes à la baisse, mais ils ne devraient pas trop se réjouir.

Ils ne devraient pas non plus espérer que le Covid long économique affaiblisse l’emprise de Xi dans un avenir proche. Comme Erdogan, Poutine et même Maduro peuvent en témoigner, les autocrates qui enfreignent le pacte « pas de politique, pas de problème » ont tendance à rester au pouvoir malgré le ralentissement – et parfois même la chute – de la croissance. La réalité, perverse, est que les dirigeants locaux peuvent souvent obtenir encore plus de loyauté de la part d’une population souffrante, au moins pendant un certain temps. Dans un environnement économique instable, les récompenses provenant du fait d’être du bon côté politique – et les dangers de se placer du mauvais côté – augmentent, alors que les alternatives à un soutien ou à un emploi venant de l’Etat se réduisent. Xi pourrait prendre des mesures économiques pour boucher les fissures pendant un certain temps, comme Orban et Poutine l’ont fait avec succès, en utilisant respectivement les fonds de l’UE et les revenus énergétiques. Avec des dépenses publiques ciblées et des mesures sectorielles, telles que des subventions au logement public et des garanties sur la fin de la répression gouvernementale contre les entreprises technologiques, Xi pourrait temporairement stimuler la croissance.

Mais cette dynamique ne durera pas éternellement. Comme de nombreux observateurs l’ont souligné à juste titre, le taux de chômage des jeunes en Chine est inquiétant, en particulier parmi les plus éduqués d’entre eux. Si les politiques du PCC continuent de réduire les opportunités économiques et la stabilité à long terme pour les citoyens, le mécontentement contre le Parti montera. Parmi ceux qui en ont les moyens, certains prennent déjà leurs précautions. Face à l’insécurité, ils déplacent leur épargne à l’étranger, délocalisent la production et l’investissement des entreprises, voire émigrent vers des marchés moins incertains. Au fil du temps, l’exil semblera de plus en plus attrayant pour de larges catégories de la société chinoise.

Même si les sorties d’actifs financiers chinois restent pour l’instant limitées, les incitations à long terme sont claires : pour les épargnants chinois moyens, qui détiennent la plupart, voire la totalité, de leur épargne en actifs libellés en yuans, acheter des actifs à l’étranger avait du sens avant même la pandémie. Cela en a encore plus maintenant que les perspectives de croissance intérieure diminuent et que les risques liés aux caprices du CCP augmentent.

Changement politique américain

Les Etats-Unis devraient accueillir cet argent, tout comme les entreprises, les investisseurs, les étudiants et les travailleurs chinois qui partiront à la recherche de meilleures conditions. Mais les politiques actuelles, adoptées à la fois par les administrations Trump et Biden, font le contraire. Elles cherchent à fermer les universités et les entreprises américaines aux étudiants et aux travailleurs chinois. Elles restreignent les investissements étrangers et les entrées de capitaux et elles découragent les entreprises chinoises de s’implanter aux Etats-Unis et dans les pays alliés, que ce soit pour la production ou pour la recherche et le développement. Elles réduisent la pression à la baisse sur le yuan et atténuent, aux yeux des Chinois ordinaires, le contraste entre la conduite de leur gouvernement et celle des Etats-Unis. Ces politiques devraient être inversées.

L’assouplissement de ces restrictions n’implique pas nécessairement la réduction des barrières commerciales, même si cela pourrait profiter à la politique économique et étrangère des Etats-Unis. En réalité, si l’économie américaine réussissait à mieux attirer les capitaux, la main-d’œuvre et l’innovation productifs chinois, ces entrées compenseraient en partie les coûts économiques provoqués par le conflit commercial entre les Etats-Unis et la Chine. Washington n’aurait pas non plus besoin d’édulcorer les restrictions, pour sa sécurité nationale, qui concernent les technologies stratégiques. Pour empêcher les transferts de technologies illicites par les investisseurs chinois, les Etats-Unis et leurs alliés doivent bien sûr restreindre l’accès à certains secteurs spécifiques, tout comme ils limitent certaines exportations sensibles. Mais la plupart des vols de propriété intellectuelle prennent la forme de cybercriminalité et d’espionnage industriel à l’ancienne – c’est-à-dire que, pour la plupart d’entre eux, la réponse passe par d’autres moyens que la restriction d’investissements étrangers.

Supprimer la plupart des obstacles pour les talents et les capitaux chinois ne compromettrait en rien la prospérité ou la sécurité nationale des Etats-Unis. En revanche, il serait plus difficile pour Pékin de maintenir une économie croissante qui soit à la fois stable et étroitement contrôlée par le Parti. Comparée à la stratégie économique actuelle des Etats-Unis envers la Chine, bien plus conflictuelle, restrictive et punitive, cette nouvelle approche réduirait le risque d’une escalade dangereuse entre Washington et Pékin, et elle serait moins source de divisions entre les alliés des Etats-Unis et les économies en développement. Cette approche nécessiterait de faire savoir que les personnes, l’épargne, la technologie et les marques chinoises sont les bienvenues aux Etats-Unis ; à l’opposé des efforts qui les excluent ouvertement.

Plusieurs autres économies, dont l’Australie, le Canada, le Mexique, Singapour, le Royaume-Uni ou le Vietnam, bénéficient déjà d’afflux d’étudiants, d’entreprises et de capitaux chinois. Ce faisant, ces pays améliorent leur propre force économique, tout en affaiblissant l’emprise du PCC sur son territoire. Cet effet serait maximisé si les Etats-Unis leur emboîtaient le pas. Mais s’ils suivent leur voie propre – peut-être parce que la prochaine administration américaine optera pour une confrontation continue avec la Chine ou pour un plus grand isolationnisme économique –, Washington devrait au moins permettre aux autres pays d’offrir une porte de sortie aux Chinois et à leurs activités commerciales, plutôt que de les forcer à adopter les mêmes barrières de confinement. En ce qui concerne le commerce privé chinois, les Etats-Unis devraient chercher à l’attirer plutôt que de le sanctionner, d’autant plus que le PCC exerce un contrôle plus strict sur les entreprises chinoises.

Plus Pékin essaie d’éviter les sorties de tout ce qui est utile à la production économique – par exemple, en maintenant un contrôle strict des capitaux et en limitant les cotations d’entreprises aux Etats-Unis –, plus cela renforce le sentiment d’insécurité à l’origine de ces sorties. D’autres autocrates ont tenté cette stratégie autodestructrice ; beaucoup ont été contraints de maintenir en place, indéfiniment, des contrôles temporaires des capitaux, ce qui n’a fait que pousser les particuliers et les entreprises à faire plus d’efforts pour les contourner. Comme on l’a vu à plusieurs reprises en Amérique latine et ailleurs, y compris lors du déclin final de l’Union soviétique, de telles politiques stimulent presque invariablement davantage de fuites de personnes et de capitaux.

Le Covid long économique qui frappe l’économie chinoise offre ainsi aux décideurs américains une opportunité de changer de stratégie. Plutôt que d’essayer de contenir la croissance de la Chine au détriment de leur propre économie, les dirigeants américains peuvent laisser Xi faire ce travail à leur place et positionner leur pays comme une meilleure alternative et comme une destination accueillante pour les actifs économiques chinois de toutes sortes. Même les responsables bien informés ont tendance à ignorer à quel point cette stratégie a servi les Etats-Unis dans leur affrontement contre des rivaux systémiques au XXᵉ siècle. On oublie souvent qu’il était loin d’être évident, pendant la Grande Dépression, que l’économie américaine puisse surpasser les régimes fascistes en Europe. La même incertitude sur les croissances relatives s’est reproduite pendant une grande partie de la guerre froide. Mais, en dépit de ces incertitudes, les Etats-Unis sont sortis victorieux, en partie parce qu’ils ont maintenu une porte ouverte pour les personnes et les capitaux, en siphonnant les talents et les investissements et, en fin de compte, en retournant contre eux les contrôles économiques des régimes autocratiques. Alors que le PCC se débat avec un Covid long économique qu’il s’est lui-même infligé, cette stratégie d’ouverture mérite d’être relancée aujourd’hui.

L’économiste américain Adam S. Posen est le président du Peterson Institute for International Economics, un think tank non partisan basé à Washington. Cet article est paru le 2 août 2023 en version originale dans la revue Foreign Affairs. © 2023 Foreign Affairs. Distributed by Tribune Content Agency.

Education, emploi, rénovation… Les propositions-chocs du rapport Borloo

Le rapport Borloo :

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Des éducateurs de l’« Urban sport truck » de l’Addap13 proposent des activités sportives à  la cité des Rosiers, à Marseille, en août 2017.

Des éducateurs de l’« Urban sport truck » de l’Addap13 proposent des activités sportives à  la cité des Rosiers, à Marseille, en août 2017. 

Le rapport Borloo sur les banlieues, remis à Edouard Philippe jeudi 26 avril, compte dix-neuf « programmes » thématiques (rénovation urbaine, éducation, mobilité, sécurité et justice, entreprises et emploi, leadership, égalité et mixité…).

Il est le fruit d’une réflexion et d’un travail menés depuis plusieurs mois avec les élus et les associations de terrain mobilisés au sein du collectif « Territoire gagnants » (à l’initiative de Bleu Blanc Zèbre et Ville et Banlieue).

Depuis janvier, ils ont effectué un « tour de France » afin de faire émerger les solutions les plus innovantes et efficaces déjà en place dans certains quartiers.

Ce rapport propose, entre autres, de démultiplier les meilleures sur tout le territoire. Jean-Louis Borloo recommande également des changements de méthode inédits.

Source : Education, emploi, rénovation… Les propositions-chocs du rapport Borloo

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Education, emploi, rénovation… Les propositions-chocs du rapport Borloo

Le texte, remis à Edouard Philippe jeudi, compte dix-neuf « programmes » thématiques. Elus et associations ont construit ensemble des solutions.

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Publié le 26 avril 2018 à 11h17, modifié le 27 avril 2018 à 15h10

Temps de Lecture 10 min.

Des éducateurs de l’« Urban sport truck » de l’Addap13 proposent des activités sportives à  la cité des Rosiers, à Marseille, en août 2017.

Le rapport Borloo sur les banlieues, remis à Edouard Philippe jeudi 26 avril, compte dix-neuf « programmes » thématiques (rénovation urbaine, éducation, mobilité, sécurité et justice, entreprises et emploi, leadership, égalité et mixité…). Il est le fruit d’une réflexion et d’un travail menés depuis plusieurs mois avec les élus et les associations de terrain mobilisés au sein du collectif « Territoire gagnants » (à l’initiative de Bleu Blanc Zèbre et Ville et Banlieue).

Depuis janvier, ils ont effectué un « tour de France » afin de faire émerger les solutions les plus innovantes et efficaces déjà en place dans certains quartiers. Ce rapport propose, entre autres, de démultiplier les meilleures sur tout le territoire. Jean-Louis Borloo recommande également des changements de méthode inédits.

  1. Une académie des leaders, à côté de l’ENA
  2. Une juridiction pour sanctionner l’inaction
  3. Trois fronts pour l’emploi
  4. Rénovation urbaine : des propositions décoiffantes
  5. Création de « cités éducatives »
  6. Déploiement de 200 campus numériques
  7. Aide aux communes pauvres
  8. Développement de la mobilité
  9. Promotion de la mixité
  10. Insertion par le sport
  11. Jumeler les institutions culturelles avec les QPV
  12. Une police plus ancrée dans son territoire
  13. « Une nouvelle armée de la République solidaire »
  14. Faciliter le financement des associations
  15. Lutter contre les discriminations
  16. Jeunesse : « A la rencontre de l’autre »
  • Une académie des leaders, à côté de l’ENA

Mesure pour le moins « disruptive » : le rapport Borloo préconise la création, à côté de la prestigieuse Ecole nationale d’administration (ENA), d’une « académie des leaders », qui mènerait elle aussi aux plus hauts postes de la fonction publique. Cette nouvelle grande école permettrait de s’attaquer à l’un des travers de l’ENA régulièrement dénoncé, celui de l’homogénéité de ses diplômés, avec l’entre-soi qui en découle au sein de l’élite de l’Etat. « De fait, nous passons à côté d’extraordinaires talents ou caractéristiques différentes de notre jeunesse et notamment des quartiers populaires », constate l’auteur.

Avec 500 jeunes recrutés par an, sur la base d’un concours très sélectif (une place pour dix candidats), cette académie aurait plusieurs particularités rares dans l’univers des grandes écoles. Comme à l’ENA, les élèves bénéficieraient du statut de fonctionnaire stagiaire, avec 1 700 euros bruts par mois durant leur scolarité, qui s’étalerait sur trois ans. En revanche, la sélection à l’entrée s’opérerait sans aucun diplôme préalable demandé.

Un point devrait faire plus fortement débat : cette voie d’accès aux grands corps de la fonction publique serait réservée, « dans un premier temps, aux jeunes des quartiers prioritaires, s’élargissant par la suite ». Reste la question du coût d’un projet d’une telle ampleur, que Jean-Louis Borloo évalue à 60 millions d’euros par an, « en rythme de croisière ». Une enveloppe conséquente, à l’heure où le monde universitaire ne cesse de dénoncer le manque de moyens dont il souffre.

  • Une juridiction pour sanctionner l’inaction des administrations

Afin de s’assurer que les plans de réduction des inégalités territoriales ne soient pas de grandiloquents effets d’annonces, le rapport propose de créer une Cour d’équité territoriale. Cette nouvelle juridiction sera chargée de vérifier la mise en œuvre des moyens de rééquilibrage des politiques publiques sur les territoires carencés.

Cette Cour sera en mesure de condamner les responsables d’administration convaincus de n’avoir pas mis en œuvre avec les moyens adéquats une politique publique décidée au-dessus d’eux mais dont ils ont la charge.

  • Trois fronts pour l’emploi

Pour combattre le chômage dans les quartiers relevant de la politique de la ville (QPV), M. Borloo propose d’agir sur trois fronts. D’abord, lancer des plans, très ambitieux, de recrutements dans plusieurs champs, notamment celui des services à la personne. L’objectif est de former et d’orienter vers ce secteur 100 000 personnes issues des QPV, en trois ans. Le ministère des armées est également appelé à la rescousse pour enrôler, chaque année, 5 000 jeunes résidant dans les banlieues populaires.

Autre « acteur » mis à contribution : les entreprises de travail temporaire, invitées à s’impliquer dans une expérimentation qui doit conduire 20 000 habitants des QPV vers l’emploi, en trois ans là encore. M. Borloo préconise de donner plus d’ampleur au dispositif des emplois francs (proposé aux chômeurs dans les zones urbaines sensibles) et d’accroître les obligations d’embauche d’habitants de QPV sur les programmes de grands travaux.

Deuxième axe : encourager le recours à l’apprentissage. « Dans les deux ans », les entreprises privées doivent « parvenir à 1,5 % d’apprentis » domiciliés dans les banlieues populaires. Sinon, « le Parlement sera saisi pour décider de légiférer de manière réellement contraignante ». M. Borloo exhorte aussi le « secteur public » à faire sa part, en recrutant 50 000 apprentis provenant des QPV, en trois ans.

Enfin, il souhaite promouvoir « l’accompagnement et le tutorat » au profit des jeunes, en s’appuyant sur des « réseaux » existants et sur Pôle emploi.

  • Rénovation urbaine : des propositions décoiffantes

Ce dont souffre l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru) actuelle, à l’arrêt de depuis quatre ans, c’est un problème de financement mais surtout de confiance, analyse Jean-Louis Borloo. Il propose tout simplement de créer une fondation et « d’y affecter d’une manière irréversible les fonds et les actifs d’Action logement, garantissant une ressource pérenne ». Cet organisme, ex-1 % logement, collecte chaque année près de 1,7 milliard d’euros auprès des entreprises et autant sous forme de remboursement de prêts consentis aux salariés.

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La fondation proposée par M. Borloo « pourra ainsi mobiliser rapidement et puissamment l’ensemble des financements indispensables » et venir au secours des bailleurs sociaux en difficulté. Une proposition qui fera réagir les dirigeants d’Action logement…

Traiter les copropriétés en difficulté est une urgence pour M. Borloo : ce phénomène dramatique touche 120 000 immeubles, dont 100 000 logements de copropriétés en grande difficulté et 20 000 dans une situation irréversible « hors de contrôle » des élus locaux. « Avec les outils actuels, on mettra plus de trente ans à résoudre les problèmes », estime M. Borloo qui appelle à changer de braquet avec un plan massif en cinq ans. Il faut décréter douze sites en Opération de requalification de copropriétés dégradées, sous l’égide de l’Etat, en plus des deux déjà existants, Grigny et Clichy-sous-Bois. Il s’agit de créer une véritable task force de magistrats et commissaires et d’exproprier et racheter 3 000 à 5 000 logements par an, via la Caisse des dépôts, ce qui nécessite 250 millions d’euros par an.

  • Création de « cités éducatives »

Le volet scolaire du plan entend remettre l’école et le collège au cœur d’une entreprise globale d’éducation, qui implique des dimensions sociales et culturelles, l’environnement de l’enfant formant un « tout ». Ils formeront une « cité éducative » mettant en réseau tous les acteurs et les lieux qui participent à l’éducation des enfants (centres sociaux, de loisirs, de santé…). Le pilotage de ces cités sera confié au chef d’établissement. L’autonomie de gestion et de budget devra permettre de stabiliser les équipes. Le turnover des enseignants, fléau de l’éducation prioritaire, pourra être régulé par des primes et des avantages décidés à l’échelle de l’établissement. Il s’agit d’une grande nouveauté dans la gestion très centralisée des ressources humaines de l’éducation nationale.

Le plan veut élargir et renforcer les « programmes de réussite éducative », ces réseaux d’acteurs qui prennent en charge de manière « globale » un enfant diagnostiqué à risques en proposant des activités adaptées pendant quelques mois, voire un ou deux ans. Ces programmes sont aujourd’hui sous-dotés et de faible ampleur à l’échelle nationale, puisqu’ils concernent tout au plus 150 000 enfants par an, pour un suivi très court.

  • Déploiement de 200 campus numériques

Au programme, le déploiement de 200 campus numériques, dont chacun est défini comme « un vaste lieu (…) permettant au plus grand nombre un accès total, via les outils digitaux les plus innovants, à une offre de services complète et clairement identifiée : formation, emploi, services publics, culture, aide aux juniors, bénévolat. » Avec un investissement initial d’un milliard d’euros – puis 200 millions de fonctionnement par an – ils entendent notamment s’appuyer sur « un vivier de ressource humaine insoupçonnable », les jeunes des quartiers, agiles sur le numérique.

Un des principaux objectifs de ces campus : « Faire exploser le nombre d’étudiants à distance », dans différents domaines, en espérant notamment former davantage de jeunes aux métiers du numérique, où la demande est forte. L’idée est également de proposer sur ces campus des services publics, comme des cabines de télémédecine ou un accompagnement, pour les personnes moins expérimentées, afin de pouvoir utiliser par exemple les sites Web des administrations.

  • Aide aux communes pauvres

« Les communes qui ont le plus de besoin ont le moins de moyens en personnel, en accompagnement social et économique, en équipements », constate M. Borloo. Il suggère une péréquation au profit des communes classées en rénovation urbaine qui pourraient ainsi augmenter leur budget de 2 % par an. Serait aussi créé un fonds d’urgence pour les 60 communes les plus pauvres, doté de 500 millions d’euros par an, pour rétablir l’égalité républicaine. M. Borloo invite l’Etat à rembourser aux communes les exonérations de taxe foncière dont bénéficient les bailleurs sociaux, qui pénalisent les municipalités comptant le plus de logements sociaux.

  • Développement de la mobilité

Soulignant que les habitants des quartiers « vivent souvent l’enclavement sous toutes ses formes », M. Borloo appelle l’Etat et les collectivités locales à renforcer l’offre de transports à tous les niveaux. Chaque intercommunalité devrait ainsi garantir une offre « équitable » de transports dans son contrat de cohésion urbaine et inclure la desserte des quartiers dans tous les appels d’offres. Et chaque agglomération devrait, en plus de l’offre de transports en commun, établir un plan de mobilité individuelle et douce – covoiturage, location de vélos, aide au permis de conduire…

  • Promotion de la mixité

En faveur des femmes, le plan Borloo recommande le financement de 216 « Maisons Marianne » au bas d’immeubles, confiées à des associations promouvant l’égalité, et l’accompagnement de 100 000 femmes vers l’emploi ou la formation professionnelle. 30 000 places en crèches seraient créées et le dispositif des « adultes-relais », sorte de contrats aidés réservés aux plus de 30 ans, relancé.

  • Insertion par le sport

Alors que les quartiers prioritaires sont sous-équipés et « comptent deux fois moins de licenciés », le rapport Borloo propose d’y former et recruter 5 000 coachs d’insertion par le sport. Des objectifs annuels chiffrés, en termes de licenciés et d’emplois créés, seraient fixés aux fédérations. 10 000 jeunes seraient formés en vue des Jeux olympiques de 2024.

  • Jumeler les institutions culturelles avec les QPV

Dans son chapitre « grandir par la culture », le rapport recommande de « jumeler obligatoirement toutes les institutions culturelles nationales et régionales avec les 300 quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) pour porter sur tous les champs artistiques » mais aussi d’étendre les projets innovants (Dispositif d’éducation musicale et orchestrale à vocation sociale, initié par la Philharmonie de Paris et les Micro-folies de La Villette) à davantage de quartiers et de décliner les chantiers du ministère de la culture (Pass culture, extension des horaires d’ouverture des bibliothèques) en priorité dans les QPV. Enfin, le rapport appelle de ses vœux la création d’un fonds de soutien aux projets artistiques des associations à hauteur de 50 millions d’euros. Au total, le plan Borloo pour la culture en banlieue nécessiterait un budget annuel de plus de 170 millions d’euros.

  • Une police plus ancrée dans son territoire

Le rapport Borloo fait le constat de zones devenues des « bases arrière » pour des bandes, des lieux où sévissent des « marchands de sommeil » et où « une petite délinquance par intimidation se développe parfois ». Il plaide à la fois pour une réponse qui favorise la médiation et une police plus ancrée dans son territoire.

Alors que le gouvernement a lancé en février une « police de sécurité du quotidien », censée notamment se déployer dans des quartiers prioritaires, le plan Borloo recommande notamment de fidéliser les policiers « les plus expérimentés » sur place grâce, par exemple, à une rémunération attractive.

Le rapport recommande aussi de financer dans les villes les plus pauvres l’équipement en vidéosurveillance et la création de polices municipales. Il préconise enfin le recrutement de 500 « correspondants de nuit » sous des postes « d’adulte-relais » qui seraient autant de moyens de mailler plus finement le territoire et d’œuvrer à la tranquillité publique.

  • « Une nouvelle armée de la République solidaire »

Il s’agit des 35 000 professionnels de l’action sociale dans les quartiers de la politique de la ville. Il est notamment proposé de revaloriser leur rôle et leur statut, et de supprimer la mécanique des appels à projets qui les obligent à courir après les financements au lieu de se consacrer à leur métier d’origine.

  • Faciliter le financement des associations

Les quartiers comptent 100 000 associations et un million de bénévoles qui « pallient souvent la faiblesse des pouvoirs publics », souligne le rapport, qui préconise un « renversement total de perspective » en mettant un terme à la logique des appels à projets. L’objectif : faciliter leur financement afin qu’elles puissent œuvrer dans la durée.

  • Lutter contre les discriminations

En plus des autres programmes (emploi, justice…) destinés à lutter contre les discriminations, le rapport propose de renforcer un certain nombre de mesures existantes comme la multiplication des testings, l’accompagnement de plans territoriaux de lutte, le financement de campagnes de sensibilisation…

  • Jeunesse : « A la rencontre de l’autre »

Il s’agirait notamment du nom d’un projet national citoyen dédié à la jeunesse qui mettrait l’accent sur les voyages scolaires et extrascolaires – 50 % des enfants des familles les plus modestes ne partent pas en vacances.

Qu’est-ce que l’intrigante machine d’Anticythère, objet de la quête d’Indiana Jones dans son dernier film ? – Geo.fr

C’est l’un des objets les plus curieux et les plus complexes du monde antique, retrouvé sur une galère romaine. Retour sur les recherches autour du fonctionnement et du créateur du mécanisme d’Anticythère, surnommé « cadran d’Archimède » dans Indiana Jones et le Cadran de la Destinée. MATHILDE RAGOT Publié le 12/07/2023 à 21h07

 

 

Source : Qu’est-ce que l’intrigante machine d’Anticythère, objet de la quête d’Indiana Jones dans son dernier film ? – Geo.fr

 

Qu’est-ce que l’intrigante machine d’Anticythère, objet de la quête d’Indiana Jones dans son dernier film ?

 Archéologie
Qu'est-ce que l'intrigante machine d'Anticythère, objet de la quête d'Indiana Jones dans son dernier film ?
Le mécanisme d’Anticythère, entre 200 et 60 av. J.-C. Collection du Musée archéologique national d’Athènes (Grèce). © Getty Images / Fine Art Images / Heritage Images

C’est l’un des objets les plus curieux et les plus complexes du monde antique, retrouvé sur une galère romaine. Retour sur les recherches autour du fonctionnement et du créateur du mécanisme d’Anticythère, surnommé « cadran d’Archimède » dans Indiana Jones et le Cadran de la Destinée.

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Il l’a annoncé, c’est la dernière fois qu’il reprend le chapeau et le fouet. Harrison Ford se remet, pour un ultime volet, dans la peau de l’éminent professeur d’archéologie Indiana Jones, personnage fictif qu’il incarnait depuis le début de ses aventures en 1981 avec Les Aventuriers de l’arche perdue — du nom de l »‘Arche d’alliance », coffret qui, selon la Bible, aurait renfermé les précieuses Tables de la Loi.

Encore une fois, le célèbre aventurier affronte les nazis du Troisième Reich, en leur subtilisant le « cadran du destin ». L’artefact donne d’ailleurs son titre au cinquième film de la saga, Indiana Jones et le Cadran de la Destinée, sorti le 28 juin 2023 en France.

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L’objet mystérieux, appelé par les protagonistes « cadran d’Archimède », est inspiré d’une véritable découverte : celle de la machine d’Anticythère (ou Antikythera), un drôle de mécanisme vieux d’environ 2 200 ans retrouvé au fond de la mer au début du XXe siècle. Et s’il est peu probable, comme dans la superproduction, que ses roues dentées aient servi à ralentir le temps, elles ont longtemps intrigué.

Qu’est-ce que la machine d’Anticythère ?

Aujourd’hui conservés au Musée archéologique national d’Athènes, les 82 fragments restants de la machine — environ un tiers du mécanisme d’origine, selon une étude sur l’objet publiée dans les Scientific Reports en 2021 — ont été découverts au large de la petite île grecque éponyme d’Anticythère, aujourd’hui Antikythira, dans la mer Égée.

En 1901 et après une tempête, des chasseurs d’éponges sont en effet fortuitement tombés, à quarante mètres sous la surface, sur l’épave d’un navire romain qui a fait naufrage il y a deux millénaires. Or, dans son incroyable cargaison, parmi des statues de cuivre et de marbre, se cachait un objet en bronze corrodé de la taille d’une boîte à chaussures : le fameux mécanisme d’Anticythère.

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Depuis son identification il y a plus d’un siècle, les chercheurs ont retourné le dispositif dans tous les sens pour essayer d’en déceler tous les secrets.

En 1951, Derek Price, physicien britannique et professeur d’histoire des sciences à l’université de Yale (États-Unis), se penche sur son fonctionnement supposé : ses recherches ont mené à penser que, du temps de sa construction entre 200 et 60 av. J.-C., la machine permettait de déterminer l’emplacement des planètes et des étoiles. Cela en fait le plus ancien calculateur analogique jamais découvert, 1 500 ans avant les premières horloges astronomiques mécaniques en Europe.

Suivre de façon complète les mouvements des astres et de la Lune

La plupart des derniers travaux en date, notamment des conclusions publiées en 2021, semblent confirmer ces hypothèses. Pour ce faire, les scientifiques ont reconstitué l’ensemble des trente-sept rouages dentés — dont seules trente de la machine originelle ont survécu — à l’aide de divers modèles mathématiques, afin d’en reconstruire une réplique.

Des recherches antérieures avaient par ailleurs établi que ces cadrans étaient à l’époque enfermés dans une boîte en bois, qui n’a pas survécu au passage du temps.

En regardant l’avant du mécanisme, son utilisateur antique aurait pu voir un planétarium ou « ancien cosmos grec », décrivent les chercheurs : les mouvements de la Lune, du soleil, des nœuds lunaires (points virtuels dans le ciel, où l’orbite de la lune croise le chemin du soleil à travers les constellations, l’écliptique), des cinq planètes connues dans l’Antiquité (Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne)…

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Le dos du mécanisme, quant à lui, était lieu à tout un tas de cycles :

  • le cycle de Méton ou cycle métonique, où les périodes orbitales de la Terre et de la Lune coïncident à peu de chose près (235 lunaisons pour 19 années solaires) ;
  • le cycle callippique, période de 76 ans égale à quatre cycles métoniques ;
  • le cycle Olympiade, correspondant aux Jeux Olympiques se tenant alors tous les quatre ans ;
  • le cycle Saros, période de 18 ans et 11 jours (223 mois synodiques), utilisée pour prédire les éclipses lunaires ;
  • les exeligmos, soit trois cycles Saros également employé pour anticiper les disparitions des astres…

Pour résumer, à l’avant et à l’arrière de la machine, une gamme d’engrenages était conçue de manière à ce que les cadrans s’alignent dans le bon timing pour tous les phénomènes répétés. Des cycles qui s’appuient d’ailleurs sur « l’astronomie babylonienne, [les] mathématiques de l’Académie de Platon et [les] théories astronomiques de la Grèce antique », écrivent leurs auteurs de l’étude.

Le machine d’Anticythère était finalement un dispositif calendaire, solaire et lunaire, c’est-à-dire qu’il permettant de déterminer le temps en fonction des mouvements du soleil, de la Lune, de leurs interrelations (éclipses) et des mouvements d’autres étoiles et planètes connues à l’époque de la Grèce antique. Collection du Musée archéologique national d’Athènes (Grèce). Wikimedia Commons / Tilemahos Efthimiadis

Il était connu que les savants de la Grèce antique étaient déjà parvenus à identifier les déplacements des corps célestes, leurs distances ou la géométrie de leurs orbites. Les phases de la Lune, également, leur étaient d’une grande utilité, notamment pour leurs cultes : elles révélaient quand semer les graines, les stratégies à adopter lors des batailles, le jour des fêtes religieuses, etc.

Mais le mécanisme d’Anticythère suggère qu’ils auraient aussi été capables de condenser leurs connaissances en astronomie et mathématiques complexes dans un engin. Et surtout, de le programmer pour suivre les mouvements fluctuants du satellite… jusqu’à l’heure, la direction que prenait l’ombre et la couleur de la Lune durant les éclipses.

« Si les scientifiques de la Grèce antique ont pu produire ces systèmes d’engrenage il y a deux millénaires, c’est toute l’histoire de la technologie occidentale qu’il faudrait réécrire, s’enthousiasme auprès de la BBC le mathématicien Tony Freeth, membre de l’équipe de recherche internationale qui a étudié l’étonnant objet. C’est essentiellement la première fois que l’humanité a créé un ordinateur. »

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Une création associée au scientifique grec Archimède

« Celui qui a fabriqué l’appareil aurait dû en savoir beaucoup sur l’astronomie, la métallurgie et la mécanologie », estime ainsi Aristeidis Voulgaris, chef d’équipe du projet de reconstruction fonctionnelle du mécanisme de 2021, cette-fois interrogé par LiveScience.

Pourtant, son « développeur » reste l’une des inconnues qui entourent le fabuleux engin.

Une autre fonction de l’appareil antique, déjà précédemment subtilement évoquée, mène toutefois les experts sur une piste : il permettait également de prédire la date exacte des Jeux panhelléniques de la Grèce antique (olympiques, pythiques, isthmiques, néméens).

Ce qui n’a pas encore été abordé, en revanche, c’est que les scientifiques ont rapidement remarqué des inscriptions grecques sur le dispositif, décryptées ces dernières années grâce aux méthodes d’imagerie de haute technologie — et qui ont également aidé à en dévoiler les usages.

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Or, un indice interpelle : alors que les Jeux à Olympie étaient considérés comme les plus prestigieux, ce sont les lettres se référant aux Jeux isthmiques de Corinthe qui y apparaissent bien plus grandes. Les noms des mois, figurant sur une autre roue, étaient aussi corinthiens.

Tout porte donc à croire que le concepteur aurait pu être originaire de la ville… Et même vivre dans sa colonie la plus riche, Syracuse, lieu d’habitation du scientifique le plus important de l’Antiquité classique : l’inventeur grec Archimède (287-212 av. J.-C.). Tony Freeth en est persuadé : « Seul un mathématicien aussi brillant qu’Archimède aurait pu concevoir le mécanisme d’Anticythère », comme cela l’est en quelque sorte suggéré dans Indiana Jones et le Cadran de la Destinée.

Le mécanisme décrit par Cicéron, prémices de l’Anticythère ?

En outre, lorsque les Romains se sont emparés de Syracuse, malgré les ingénieuses défenses conçues par Archimède, le génie est tué par un soldat contre la volonté du général Marcus Claudius Marcellus.

Ce dernier n’aurait emporté que deux pièces lors du pillage des lieux, appartenant toutes deux à Archimède : un globe céleste et un planétarium. Pour les chercheurs, ils pourraient s’agir de versions antérieures de l’intrigante machine.

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D’autant que l’orateur Cicéron, « contemporain » des évènements, fait allusion à un mécanisme analogue dans son traité De Republica (I, 14, 21-22), un planétarium construit par Archimède qu’il a pu observer dans la maison du petit-fils du général Marcellus. Les descriptions qu’il fait de son fonctionnement — qui restent peu détaillées — font bel et bien penser à celles du mécanisme d’Anticythère.

Difficile néanmoins de le certifier, 2 200 ans plus tard. D’autant que Cicéron, qui visite l’île voisine de Rhodes en 79/78 av. J.-C., mentionne également la construction d’un appareil similaire par Posidonios d’Apamée, philosophe stoïcien et savant, qui peut aussi être apparenté aux cadrans solaires. Encore une fois, le mystère reste entier et ajoute à la fascination autour du « premier ordinateur ».

Il est un peu intimidant de réaliser que juste avant la chute de leur grande civilisation, les Grecs anciens étaient si proches de notre époque, non seulement dans leur façon de penser, mais aussi dans leur technologie scientifique. — Derek Price.

 

 

Le mécanisme d’Antikythera, l’objet le plus mystérieux de l’histoire de la technologie qu’Indiana Jones recherche dans son dernier film – BBC News Afrique

Archimède ?

 

Il s’agit peut-être de l’œuvre du scientifique le plus important de l’Antiquité classique, l’homme qui avait déterminé la distance jusqu’à la lune, trouvé comment calculer le volume d’une sphère et ce nombre fondamental π ; qui avait prétendu qu’avec un levier il pouvait déplacer le monde et bien d’autres choses encore.

« Seul un mathématicien aussi brillant qu’Archimède aurait pu concevoir le mécanisme d’Antikythera », affirme Freeth.

La vérité est qu’Archimède se trouvait à Syracuse lorsque les Romains sont venus la conquérir et que le général Marcus Claudius Marcellus a ordonné de ne pas le tuer, ce qu’un soldat a fait.

Syracuse fut mise à sac et ses trésors envoyés à Rome.

Le général Marcellus n’emporta que deux pièces, qui, dit-il, appartenaient toutes deux à Archimède.

L’équipe de chercheurs pense qu’il s’agit de versions antérieures du mécanisme.

Un indice se trouve dans une description écrite par le formidable orateur Cicéron de l’une des machines d’Archimède qu’il a vue dans la maison du petit-fils du général Marcellus.

 

« Archimède a trouvé le moyen de représenter fidèlement dans un seul appareil les mouvements variés et divergents des cinq planètes avec leurs différentes vitesses, de sorte que la même éclipse se produit à la fois sur le globe et dans la réalité ».

Toutes les pièces pour rassembler toutes les connaissances dans une seule boîte.

Qu’est-il advenu de la brillante technologie grecque à l’origine du premier ordinateur ? CRÉDIT PHOTO,GETTY IMAGES Légende image, Toutes les pièces pour rassembler toutes les connaissances dans une seule boîte.

Source : Le mécanisme d’Antikythera, l’objet le plus mystérieux de l’histoire de la technologie qu’Indiana Jones recherche dans son dernier film – BBC News Afrique

 

 

Le mécanisme d’Antikythera, l’objet le plus mystérieux de l’histoire de la technologie qu’Indiana Jones recherche dans son dernier film

Cette fois, Indiana Jones est à la recherche du "cadran d'Archimède".

CRÉDIT PHOTO,DISNEY

Légende image,Cette fois, Indiana Jones est à la recherche du « cadran d’Archimède ».

Accompagné d’une nouvelle co-star, interprétée par l’actrice britannique Phoebe Waller-Bridge, Indy remet son chapeau et reprend le fouet qui l’accompagne depuis le début de ses aventures en 1981 avec Les Aventuriers de l’arche perdue.

Cette fois, l’artefact qu’il cherche à arracher aux nazis est celui qui donne son titre au film, le « cadran du destin », que les personnages du film appellent le cadran d’Archimède.

Il est basé sur un objet réel, un artefact grec antique découvert par des archéologues en 1900 : le mécanisme d’Antikythera.

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Il est peu probable que ce mécanisme, vieux de près de 2 000 ans, ait eu le pouvoir de ralentir le temps, comme c’est le cas dans le film.

Mais qu’est-ce que le mécanisme d’Antikythera et à quoi servait-il ? Et quel est son lien avec le célèbre mathématicien grec mentionné dans le film ?

Harrison Ford a déclaré que c'était la dernière fois qu'il jouait le célèbre archéologue Indiana Jones.

CRÉDIT PHOTO,GETTY IMAGES

Légende image,Harrison Ford a déclaré que c’était la dernière fois qu’il jouait le célèbre archéologue Indiana Jones.

La découverte

Sans une tempête sur l’île grecque rocheuse d’Antikythera, il y a un peu plus d’un siècle, l’un des objets les plus curieux et les plus complexes du monde antique n’aurait peut-être jamais été découvert.

Après s’être abritée sur l’île, une équipe de chasseurs d’éponges marines a décidé de tenter sa chance sous les eaux.

Au lieu de cela, ils sont tombés sur les restes d’une galère romaine qui avait fait naufrage lors d’une autre tempête il y a 2 000 ans, lorsque l’Empire romain commençait à conquérir les colonies grecques de la Méditerranée.

Fragile, intriguant et plein de surprises, le mécanisme est conservé au Musée archéologique national d'Athènes.
Légende image,Fragile, intriguant et plein de surprises, le mécanisme est conservé au Musée archéologique national d’Athènes.

Dans le sable, au fond de la mer, se trouvait le plus grand trésor grec jamais découvert.

Parmi les magnifiques statues de cuivre et de marbre se trouvait l’objet le plus intrigant de l’histoire de la technologie.

Il s’agit d’un objet en bronze corrodé, pas plus grand qu’un ordinateur portable moderne, fabriqué il y a 2 000 ans dans la Grèce antique.

Il est connu sous le nom de mécanisme d’Antikythera. Et il s’est avéré être une machine du futur.

« S’il n’avait pas été découvert en 1900, personne n’aurait imaginé, ni même cru, qu’une telle chose existait…. C’est tellement sophistiqué », a déclaré le mathématicien Tony Freeth à la BBC il y a quelque temps.

Incroyable

Dans un premier temps, l'artefact n'a rien dit aux scientifiques, puis ils ont remarqué qu'il portait des marques et des inscriptions.
Légende image,Dans un premier temps, l’artefact n’a rien dit aux scientifiques, puis ils ont remarqué qu’il portait des marques et des inscriptions.

« Imaginez que quelqu’un, quelque part dans la Grèce antique, ait fabriqué un ordinateur mécanique », a déclaré le physicien grec Yanis Bitzakis, qui, comme M. Freeth, fait partie de l’équipe de recherche internationale chargée d’étudier cet étonnant dispositif.

« C’est un mécanisme d’un génie vraiment étonnant », a ajouté M. Freeth.

Il n’exagère pas.

Il a fallu attendre quelque 1 500 ans pour voir réapparaître quelque chose d’approchant le mécanisme d’Antikythera, sous la forme des premières horloges astronomiques mécaniques en Europe.

Mais ce sont là les conclusions ; comprendre ce qu’était l’objet mystérieux a demandé du temps, des connaissances et des efforts.

L’un des problèmes était leur anachronisme.

Le physicien anglais et père de la scientométrie Derek J. de Solla Price a été le premier à examiner en détail les 82 fragments retrouvés.

Il a commencé dans les années 1950 et, en 1971, avec le physicien nucléaire grec Charalampos Karakalos, il a pris des images des pièces aux rayons X et gamma.

Ils ont découvert qu’il y avait 27 roues dentées à l’intérieur et que l’ensemble était extrêmement complexe.

Première surprise : 27 roues dentées ont été trouvées à l'intérieur.
Légende image,Première surprise : 27 roues dentées ont été trouvées à l’intérieur.

Chiffres importants

Les experts avaient réussi à dater avec une grande précision certaines des autres pièces trouvées entre 70 et 50 avant Jésus-Christ.

Mais un objet aussi extraordinaire ne pouvait pas dater de cette époque. Peut-être était-il beaucoup plus moderne et était-il tombé par hasard au même endroit, ont pensé plusieurs personnes.

Price a supposé que le fait de compter les dents de chaque roue pourrait donner des indications sur la fonction de la machine.

Avec des images en deux dimensions, les roues se chevauchent, ce qui rend la tâche difficile, mais il réussit à établir deux nombres : 127 et 235.

« Ces deux nombres étaient très importants dans la Grèce antique », explique l’astronome Mike Edmunds.

Se pourrait-il qu’ils aient été utilisés pour suivre le mouvement de la lune ?

Les chiffres qui ont commencé à apparaître coïncidaient avec les connaissances des Grecs de l'époque. Ce qui est incompréhensible, c'est qu'ils proviennent de cet objet mystérieux.
Légende image,Les chiffres qui ont commencé à apparaître coïncidaient avec les connaissances des Grecs de l’époque. Ce qui est incompréhensible, c’est qu’ils proviennent de cet objet mystérieux.

L’idée était révolutionnaire et si avancée que Price a douté de l’authenticité de l’objet.

« Si les scientifiques de la Grèce antique ont pu produire ces systèmes d’engrenage il y a deux millénaires, c’est toute l’histoire de la technologie occidentale qu’il faudrait réécrire », déclare M. Freeth.

La Grèce d’il y a deux millénaires est l’une des cultures les plus créatives qui aient jamais existé. Il ne fait donc aucun doute qu’elle s’est magnifiquement développée dans tous les domaines, y compris l’astronomie, qui était alors considérée comme une branche des mathématiques.

Ils savaient comment les corps célestes se déplaçaient dans l’espace, pouvaient calculer leurs distances et connaissaient la géométrie de leurs orbites.

Auraient-ils été capables de mettre l’astronomie et les mathématiques complexes dans un engin et de le programmer pour suivre le mouvement de la lune ?

Le nombre 235 que Price avait trouvé était la clé du mécanisme de calcul des cycles de la lune.

« Les Grecs savaient qu’il s’écoulait en moyenne 29,5 jours d’une nouvelle lune à l’autre. Mais cela posait un problème pour leur calendrier de 12 mois, car 12 x 29,5 = 354 jours, soit 11 jours de moins que nécessaire », explique Alexander Jones, historien de l’astronomie ancienne, à la BBC.

« L’année naturelle, avec les saisons, et l’année civile n’étaient pas synchronisées.

Le calcul ne tient pas la route si l'on ne prend en compte qu'une seule année solaire, mais sur un cycle de 19 ans....
Légende image,Le calcul ne tient pas la route si l’on ne prend en compte qu’une seule année solaire, mais sur un cycle de 19 ans….

L’harmonie parfaite

Mais ils savaient aussi que 19 années solaires correspondent presque exactement à 235 mois lunaires, un cycle dont le nom est métonique.

« Cela signifie que si vous avez un cycle de 19 ans, à long terme, votre calendrier sera parfaitement en phase avec les saisons.

Comme pour le confirmer, dans l’un des fragments du mécanisme d’Antikythera, on a retrouvé le cycle métonique.

Grâce aux dents des roues dentées, le mécanisme a commencé à livrer ses secrets.

Les phases de la lune étaient alors d’une grande utilité.

Selon eux, ils déterminaient quand semer, quelle était la stratégie à adopter lors des batailles, quel était le jour des fêtes religieuses, quand payer les dettes ou s’ils pouvaient faire des voyages de nuit.

L’autre chiffre, 127, a permis à Price de comprendre une autre fonction liée à notre satellite naturel : l’appareil indiquait également les révolutions de la lune autour de la terre.

Après 20 ans de recherches intensives, Price a conclu qu’il avait résolu l’énigme.

Cependant, il restait encore des pièces du puzzle à assembler.

Chaque dent de chaque roue est une nouvelle inconnue. Mais au moins, ils ont trouvé la clé.
Légende image,Chaque dent de chaque roue est une nouvelle inconnue. Mais au moins, ils ont trouvé la clé.

Images tridimensionnelles

L’étape suivante nécessitait une technologie sur mesure. Et une équipe internationale d’experts se consacrant à l’étude du mécanisme d’Antikythera.

L’équipe a réussi à convaincre Roger Hadland, un ingénieur en radiologie, de concevoir et d’apporter au Musée archéologique national d’Athènes une machine spéciale permettant de réaliser des images tridimensionnelles du mécanisme.

Et, grâce à un autre appareil qui a permis d’améliorer les écrits recouvrant une grande partie des fragments, les chercheurs ont trouvé une référence aux engrenages et un autre numéro clé : 223.

Trois siècles avant l’âge d’or d’Athènes, les anciens astronomes babyloniens ont découvert que 223 lunes après une éclipse (18 ans et 11 jours, appelé cycle saros), la lune et la terre reviennent à la même position, de sorte qu’une autre éclipse similaire est susceptible de se produire.

« Lorsqu’il y avait une éclipse de lune, le roi babylonien démissionnait et un remplaçant prenait sa place, de sorte que les mauvais présages allaient vers lui. Puis il était tué et le roi reprenait le flambeau », explique John Steele, spécialiste de la Babylonie au British Museum.

Et il s’avère que 223 était le numéro d’une autre des roues de l’engin.

Le mécanisme d’Antikythera pouvait voir l’avenir… il pouvait prédire les éclipses.

Non seulement le jour, mais aussi l’heure, la direction que prendrait l’ombre et la couleur de la lune.

Les informations sur les éclipses que les chercheurs ont trouvées dans le mécanisme d'Antikythera sont étonnamment détaillées.
Légende image,Les informations sur les éclipses que les chercheurs ont trouvées dans le mécanisme d’Antikythera sont étonnamment détaillées.

L’importance de la Lune

Comme si cela ne suffisait pas, ils ont découvert une autre merveille.

Le cycle de l’éclipse dépendait du mouvement de la Lune, et « rien de ce qui concerne la Lune n’est simple », a expliqué M. Freeth.

« Non seulement son orbite est elliptique – elle se déplace donc plus rapidement lorsqu’elle est plus proche de la Terre – mais cette ellipse tourne également lentement, sur une période de neuf ans.

Le mécanisme d’Antikythera pourrait-il suivre cette trajectoire fluctuante de la Lune ?

En effet, deux petites roues dentées, dont l’une est munie d’une pince pour réguler la vitesse de rotation, reproduisaient fidèlement le temps nécessaire à l’orbite de la Lune, tandis que l’autre, dotée de 26 dents et demie, compensait le déplacement de l’orbite.

Et comme si cela ne suffisait pas, en examinant ce qui reste de la face avant de l’appareil, l’équipe d’experts a conclu qu’il comportait un planétarium tel qu’on le concevait à l’époque : avec la Terre au centre et cinq planètes tournant autour d’elle.

« C’était une idée extraordinaire : prendre les théories scientifiques de l’époque et les mécaniser pour voir ce qui se passerait des jours, des mois et des décennies plus tard », souligne le mathématicien.

Il est frappant de constater que les jeux organisés tous les deux ans dans l'isthme de Corinthe en l'honneur de Poséidon occupent une place de choix.
Légende image,Il est frappant de constater que les jeux organisés tous les deux ans dans l’isthme de Corinthe en l’honneur de Poséidon occupent une place de choix.

Une énigme enveloppée d’un mystère

« C’est essentiellement la première fois que l’humanité a créé un ordinateur », selon M. Freeth.

« Il est vraiment incroyable qu’un scientifique de l’époque ait compris comment utiliser des roues dentées en bronze pour suivre les mouvements complexes de la lune et des planètes.

Mais qui était-ce ? Qui était-ce ?

Une fois de plus, ils ont exploré ce qui restait du fabuleux engin pour trouver la réponse.

Un indice se trouve dans une autre de ses fonctions.

Le mécanisme d’Antikythera a également prédit la date exacte des Jeux Panhelléniques : les Jeux d’Olympie, les Jeux Pythiques, les Jeux Isthmiques, les Jeux Néméens.

Ce qui est curieux, c’est que si les Jeux olympiques étaient les plus prestigieux, les Jeux isthmiques, à Corinthe, apparaissent en lettres beaucoup plus grandes.

De plus, les experts avaient déjà remarqué que les noms des mois figurant sur une autre roue étaient corinthiens.

Tout porte donc à croire que le concepteur était corinthien et qu’il vivait dans la colonie la plus riche dirigée par cette ville : Syracuse.

Or, c’est à Syracuse que vivait le plus brillant des mathématiciens et ingénieurs grecs : Archimède.

"Donnez-moi un point d'appui et je ferai bouger le monde".

CRÉDIT PHOTO,GETTY IMAGES

Légende image,« Donnez-moi un point d’appui et je ferai bouger le monde ».

Archimède ?

Il s’agit peut-être de l’œuvre du scientifique le plus important de l’Antiquité classique, l’homme qui avait déterminé la distance jusqu’à la lune, trouvé comment calculer le volume d’une sphère et ce nombre fondamental π ; qui avait prétendu qu’avec un levier il pouvait déplacer le monde et bien d’autres choses encore.

« Seul un mathématicien aussi brillant qu’Archimède aurait pu concevoir le mécanisme d’Antikythera », affirme Freeth.

La vérité est qu’Archimède se trouvait à Syracuse lorsque les Romains sont venus la conquérir et que le général Marcus Claudius Marcellus a ordonné de ne pas le tuer, ce qu’un soldat a fait.

Syracuse fut mise à sac et ses trésors envoyés à Rome. Le général Marcellus n’emporta que deux pièces, qui, dit-il, appartenaient toutes deux à Archimède.

L’équipe de chercheurs pense qu’il s’agit de versions antérieures du mécanisme.

Un indice se trouve dans une description écrite par le formidable orateur Cicéron de l’une des machines d’Archimède qu’il a vue dans la maison du petit-fils du général Marcellus.

« Archimède a trouvé le moyen de représenter fidèlement dans un seul appareil les mouvements variés et divergents des cinq planètes avec leurs différentes vitesses, de sorte que la même éclipse se produit à la fois sur le globe et dans la réalité ».

Qu’est-il advenu de la brillante technologie grecque à l’origine du premier ordinateur ?

Toutes les pièces pour rassembler toutes les connaissances dans une seule boîte.

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Légende image,Toutes les pièces pour rassembler toutes les connaissances dans une seule boîte.

Pourquoi n’a-t-elle pas été développée, pourquoi s’est-elle perdue ?

Comme tant d’autres choses, avec la chute des Grecs puis des Romains, les connaissances ont « migré » vers l’Orient, où elles ont été conservées pendant un certain temps par les Byzantins, puis transmises aux savants arabes.

Le deuxième plus ancien engin en bronze connu date du Ve siècle et porte des inscriptions en arabe.

Au 13e siècle, les Maures ont ramené ces connaissances en Europe.

Des recherches antérieures ont établi que le mécanisme était enfermé dans une boîte en bois, qui n’a pas survécu au passage du temps.

Une boîte qui contenait toutes les connaissances du monde, du temps, de l’espace et de l’Univers.

« Il est un peu intimidant de réaliser que juste avant la chute de leur grande civilisation, les Grecs anciens étaient si proches de notre époque, non seulement dans leur façon de penser, mais aussi dans leur technologie scientifique », a déclaré Derek J. de Solla Price.

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