Dessin extrait d’un tract d’un collectif intersyndical de CMPP de Nouvelle Aquitaine.
Une instruction ministérielle de juillet dernier donne à penser que la volonté du gouvernement est de fondre, à terme, dans tout le pays, les CMPP et les autres centres d’accompagnement psychologique et médico-social destinés aux enfants et adolescents (les centres d’action médico-sociale précoce, Camps, et les CMP infanto-juvéniles) dans ces plateformes d’orientation [4]. Ces plateformes peuvent renvoyer vers des praticiens libéraux, mais aussi vers des structures de soins publiques, uniquement à condition que les enfants puissent avoir un rendez-vous dans un délai de trois mois. Or, « les délais pour avoir un rendez-vous dans les structures publiques sont souvent bien plus longs », observe la pédopsychiatre Anne Delègue, praticienne dans un CMP infanto-juvénile de Haute-Savoie. Il est donc probable que les plateformes envoient surtout vers le secteur libéral. « Le risque est aussi que les enfants envoyés par ces plateformes soient reçus dans les CMPP et CMP en priorité, au détriment des autres enfants », ajoute la psychiatre. Ce qui poserait pour elle une rupture dans l’égalité d’accès aux soins. « C’est un virage dogmatique et idéologique violent, qui vient mettre à mal l’humain dans nos soins, se désole aussi la psychologue aquitaine. Mon outil de travail, c’est la parole. Là, ils veulent juste faire de l’évaluation, faire de nous de simples rééducateurs. La question, c’est comment on va soigner les enfants demain ? »


