
« Le coronavirus réactive-t-il des fractures françaises?
Bien sûr. Dans cette histoire, comme partout ailleurs, il vaut mieux être puissant que misérable. L’argent, le carnet d’adresses, les copains, le piston, les relations, les réseaux permettent à ceux qui en disposent de tirer leur épingle du jeu.
Vous n’avez pas intérêt ces temps-ci à habiter une sous-préfecture du Cantal, à être une femme âgée, veuve et peu entourée, sans économies :
à l’entrée de l’hôpital où cette dame arriverait pour une suspicion de coronavirus,on lui dirait qu’elle a fait son temps et que, par manque de moyens, l’Etat maastrichtien a décidé de la laisser mourir.
Il se fait que si cette femme a voté « oui » à Maastricht en 1992,
elle ne comprendra peut-être pas pourquoi on ne la soignera pas…
Le coronavirus révèle-t-il les limites de la concentration et de la métropolisation?
Oui, bien sûr. Paris rafle tout. Les rogatons qui ont échappé à ce festin vont à ce qui ressemble le plus à Paris : les grandes métropoles nationales desservies par les TGV et les aéroports. Ce qui n’est ni Paris ni fait sur le principe de Paris n’a qu’à mourir. Cette épidémie le montre déjà de façon cruelle.
Source : Michel Onfray : « C’est ainsi que les régimes tombent »

